lundi 25 juin 2012

Ballon Pied

Chers membres de l'équipe de France de football,

Ne comptez pas sur moi pour tenter de vous consoler de votre échec à l'Euro 2012. Le foot me palpite à ce point que j'ai réalisé qu'il y avait une compétition d'envergure le soir où vous avez été éliminés. Je ne me permettrai donc pas de faire la moindre remarque sur la qualité de votre jeu, ni même de spéculer sur les motifs de votre défaite. Après tout je n'y connais que dalle, ça ne m'intéresse pas le moins du monde, et je pense qu'il existe personne de moins bien placé que moi pour critiquer votre maniement du ballon rond et vos stratégies de jeu.

(j'aurais pu mettre une photo de vous en maillots bleus, mais je pense que ça vous fait très plaisir de savoir que grâce à vous, Zahia se la coule douce à LA)

Ce n'est pas pour autant que je n'ai rien à vous dire. J'irai même plus loin. Ce n'est pas pour autant que je n'ai pas envie de vous assommer violemment à coup de boules de cuir fabriquées dans des pays dits "émergents" par des enfants qui, au mieux, émergeront à 17 ans de leur usine pour mourir de malnutrition.

Chers membres de l'équipe de France de Football. Vous n'êtes pas sans savoir que vous êtes le dernier ciment patriotique de notre beau pays. Et pour cause. Je n'ai pas de chiffres sous la main, mais je suis prête à parier que le nombre de téléspectateurs lors de votre premier match était supérieur au nombre de votants au second tour des législatives. Pourtant, je ne suis pas certaine que les enjeux de l'Euro 2012 arrivent à la cheville des enjeux de l'assemblée nationale. Mais que voulez vous, je ne peux pas non plus allez botter le cul de tous ces sportifs de canapé qui n'ont pas daigné glisser leur bulletin dans l'urne. Puis on est dans un pays libre ou le vote est un droit, et non un devoir. Espérons juste qu'ils ont agit en leur âme et conscience.

Tout ça pour vous dire qu'il n'existe aucun autre moment qui rassemble plus notre peuple qu'un match où joue votre équipe. Les jeunes, les vieux, les blancs, les noirs, les arabes, les hétéros, les homos, les croyants, les athées, les hommes, les femmes (un peu moins): tout ce beau monde hurle de concert quand vous mettez un but, que vous ratez un pénalty. Ils n'hésitent pas une seconde à insulter collégialement cet enculé l'arbitre qui a osé mettre un carton rouge à l'un d'entre vous, sans condition d'âge, de sexe, de niveau de vie ou de religion. Tout ça me déprime, parce que je ne me reconnais pas dans cette France qui se rassemble sous un maillot de foot, mais je suis bien obligée de respecter cette ferveur. Ne serait-ce que parce que pour une fois, on oublie de s'entre-cracher au visage pour se rassembler autour d'une valeur commune: celle des chaussures à crampons.

En cela, chers membres de l'équipe de France de Football, vous avez une responsabilité immense. J'imagine, vu que vous n'êtes pas bien vieux, que vous vous souvenez très bien de vos rêves de gosses. Vous vouliez être footballeurs. Vous regardiez vous même avec passion ces grands joueurs tenter de faire honneur à leur pays en jetant un ballon dans un filet. Ces types là étaient vos modèles. Vous étiez prêts à tout pour faire comme eux. Vous, vous avez eu de la chance (oui de la chance: j'imagine qu'il y a une part de boulot là dedans, mais combien de petits prodiges du foot se font refouler avant d'avoir fait leurs preuves?). Votre devoir est de rendre honneur à cette chance et à rester dignes d'elle. Combien de gamins usent leurs baskets sur l'asphalte en rêvant d'être un jour à votre place? Combien de citoyens se rappellent de leur pays que quand ils vous entendent massacrer l'hymne national? (Pas de méprise les mecs, question hymne national, je ne ferai pas mieux que vous: si je connais la marseillaise, c'est uniquement grâce à Gainsbourg, et étant farouchement opposée à toute forme de violence, le chanter me file de l'urticaire).

C'est pourquoi, chers membre de l'équipe de France de Football je me permet de vous poser cette question: qu'est ce qui justifie votre salaire (de joueur et de tête de gondole)?

Le travail? C'est sûr que devenir footballeur, c'est beaucoup de boulot. L'entrainement tous les jours, les matches à enchaîner, c'est pas de tout repos. C'est même sacrément physique. Sans compter que des fois, vous bossez même le week end. Mais au final pas plus qu'une aide soignante en gériatrie. Or, gageons que cette pauvre femme, qui aura le dos ruiné à 45 ans, n'arrive pas à se faire en six mois ce que vous autres vous vous faites en deux heures. Pourtant, je vous mets au défi de vous occuper de la toilette de dizaines de petits papys grabataires. De surcroît, l'aide soignante, qu'elle lave 7 derrières en 1 heure, ou 22, son salaire sera le même, à savoir ridicule. Au mieux, elle risque de se faire engueuler parce que 7, c'est vraiment un score minable alors qu'on doit augmenter  le rendement en diminuant le nombre de bras. Vous, pendant ce temps là, vous accumulez les millions sans même gagner le moindre match. Et quand vous gagnez (quand ça vous arrive) vous ajoutez un autre million à la pile des millions que vous avez déjà.

La retraite à 40 ans? C'est vrai que vous périmez jeunes les footballeurs. Mais prenons le salaire net médian: 1600 euros. Sur 40 ans de carrière, ça nous fait donc 768 000 euros. Or, ce n'est même pas ce que Ribéri gagne en un mois actuellement. Et des gens à 1600, j'en connais pas beaucoup.

Vous êtes utiles à la société. Un maçon, un médecin, un agent d'entretien, un vendeur, un graphiste, un travailleur du sexe sont tous à leur manière utile à la société. Ils participent à son bon fonctionnement, ils contribuent au vivre ensemble. Vous, peut être un peu aussi. Mais vous ne sauvez personne, et vous n'améliorez rien. La société pourrait tout compte fait se passer de vous.

Oui mais les acteurs / chanteurs, eux... Certes. Même si je trouve que le salaire des plus riches d'entre eux autant aberrant que le votre, j'arrive malgré tout à leur trouver des circonstances atténuantes. En effet, dans une certaine mesure, ces gens là transmettent un message, et font passer une certaine vision du monde. Oui, même Rihanna. Les artistes sont indispensables à la société, même ceux qui sont outrageusement mauvais et bien rémunérés (ne serait-ce que parce qu'ils nous permettent de les comparer à ceux qui ont vraiment un truc à dire).

Et notre image alors? C'est sûr, votre image est bien plus exploitée que la mienne. Mais pardonnez moi de vous le dire, mais vous en faites de la merde. Machin va coller sa tronche sur une boisson énergétique. Truc va poser en calbut pour H&M. Ça me fait une belle jambe. Jamais vous vous êtes dit que votre image pourrait servir à autre chose que de vous bourrer encore plus de fric? Je sais pas moi... vous pourriez apprendre à tous ses enfants qui vous vénèrent au point de laisser tomber l'école au profit d'un rêve qui ne se réalisera jamais que sans éducation ils n'iront nulle part. Vous pourriez essayer de profiter de votre notoriété pour transmettre des valeurs fortes comme la solidarité, l'entraide, le respect. Mais non. Au lieu de ça, vous allez aux putes, vous épousez des mannequins, et vous vous faites des coupes de cheveux ignobles qui se répandront dans les cours de récré aussi vite qu'une MST après une 3ème mi-temps.

Puisqu'on parle de votre image, j'imagine que vous n'êtes pas sans savoir que celle ci a une influence indéniable sur nos chères têtes blondes. Sinon, comment expliqueriez vous qu'on vous arrose encore plus de caillasse pour que vous posiez pour telle ou telle marque? Ça aussi les mecs, c'est une responsabilité. Une énorme responsabilité. Vous êtes des demi-dieux. Les jeunes ne savent pas qui sont Sartre, Beaudelaire ou Truffaut. Alors leur modèle, c'est celui qu'on leur étale sous le nez à longueur d'encarts pub. C'est vous. Deal with it. Si ça ne vous convient pas, renoncez à votre carrière et allez vous enterrer dans le Larzac. Or ce matin, qu'entends-je aux infos? Vous êtes à ce point atteins du syndrôme du sale gosse gâté pourri jusqu'à la moelle que la ministre des sports envisage des sanctions à votre encontre? Vous réalisez? Un représentant de l'Etat et des citoyens? Une femme dont le rôle est de faire en sorte que notre pays aille mieux en valorisant le sport? Elle envisage de vous PUNIR? Non pas en vous amputant d'une partie de votre salaire, vu qu'il est versé par des quatari pleins aux as qui vous regardent faire les cons sur le stade comme jadis les nobles romains se délectaient du spectacle des gladiateurs, mais en vous privant de quelques matchs? CA VA VOUS GÉREZ BIEN VOTRE REFLET DANS LE MIROIR? Vous ne me demandez pas mon avis, mais je vous le donne quand même. Si ça ne tenait qu'à moi, ce serait saisie sur salaires déjà perçus et la porte. Moi, si je parle mal à mon boss, aucun ministre va me punir de quelques jours de travail en me disant que c'est pas bien. Pour moi ce sera la porte pour faute grave. Et je vois pas en quoi vous valez mieux que moi.*

En fait t'es jalouse, c'est tout. Effectivement, je suis peut être un peu jalouse. Ça me plairait bien de gagner un mois de votre salaire. Mais si ça implique de devenir aussi irresponsables et creux que vous, je préfère encore retourner à mon RSA. Ça au moins, ça t'apprend la valeur des choses.

Tout ça pour vous dire que je me fiche totalement de savoir que vous avez perdu l'Euro 2012. Et que j'espère que ça vous fera les pieds, mais que je sais que c'est un vœu pieu, parce que quand on gagne plusieurs centaines de milliers d'euros par mois dans un pays ravagé par le chômage, on s'en carre l'oignon d'avoir une conscience professionnelle.

Je ne vous embrasse pas, votre réputation sulfureuse me laisse supposer que je risque d'attraper un truc bizarre si je le fais.

Almira


* suite à l'annonce de la ministre des sports concernant l'attitude des membres de l'équipe de France, je n'ai pas pu m'empêcher de rajouter ce petit paragraphe... 
 
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mercredi 20 juin 2012

Ma lettre à Johnny

Cher Johnny,

J'ai appris hier que tu avais décidé d'officialiser ta rupture avec Vaness, par voie de communiqué de presse.
Depuis cette annonce, internet (et donc le monde) est en émoi. J'ai entendu plus de remarques sur ta vie sentimentale que sur le décès de Moubarak, c'est pour dire l'impact que tu as.

Non mon Johnny, l'alcool n'est pas une solution, surtout si tu fais ta pute comme ça et que t'en laisse pas un verre pour les copains

Laisse moi rire une seconde sur le décalage qu'il y a entre ta vie et la mienne. Il y a quelques jours, ma tendre moitié m'a annoncé que si je n'arrêtais pas de lui piquer la couverture la nuit, il me forcerait à dormir dans le couloir. J'ai trouvé ça autant cruel que déplacé. J'ai envisagé d'en faire un tweet. Mais à peine cette idée a effleuré mon esprit que j'avais déjà perdu 6 followers. Et toi, tu balances un communiqué laconique sur la fin de ta relation, et l'univers entier est en émoi. C'est marrant la célébrité je trouve. Tu es obligé d'annoncer par voie de presse des informations qui a priori ne regardent que toi et tes proches. Pendant ce temps là, je peux te fournir sur simple demande la liste des garçons qui m'ont quittée sans prendre la peine de me l'annoncer.

J'aimerai trouver les mots pour te réconforter. Je sais que c'est pas facile une rupture. Mais en même temps, je te connais pas, je ne t'ai jamais vu ailleurs que sur des écrans ou du papier glacé. Je vais juste me permettre de dire que quand même ça doit être un sacré soulagement de ne plus avoir à entendre ton ex chanter. Parce que pardonne moi de te le dire comme ça, mais passe moi un morceau de Vanessa Paradis en entier, et j'avoue tout ce que tu veux. Même l'assassinat de Kennedy. Ouais je sais, c'est pas sympa de mal parler des absents. Mais s'il y a bien un moment ou un peut biatcher comme des malpropres, c'est en période de rupture. D'ailleurs, tu sais la liste dont je t'ai parlé? Elle peut aussi faire office de liste des plus petites bites de la région PACA.

J'ai noté depuis la fatale annonce de ton célibat nouvellement officialisé, deux type de réactions. D'abord il y a eu le choc. Ça faisait tellement longtemps que t'étais maqué, qu'on avait même oublié qu'avant toi, la mère de tes enfants était avec Florent Pagny ou Lenny Kravitz, et que toi même tu as ravagé des chambres d'hôtel en faisant du sexe violent avec Kate Moss. Alors ça a fait bizarre à plein de jeunes et pures midinettes. A cause de vous, elles ont pris conscience que l'amour pour toujours ça n'existait pas. C'est drôle, parce que les premières à hurler au scandale sont en général les mieux placées pour savoir que l'amour est une pute, vu que leur mec est parti avec leur mère. J'ai cru défaillir à la vue de tant de mièvrerie. Je me suis même dit que je pendrais par les pieds la première qui citerait Baudelaire. Fort heureusement, elles n'en sont pas arrivées là, parce qu'elles ont réalisé autre chose tout de suite après:

Si Jojo et Vaness se séparent, ça veut donc dire que... JOJO EST CELIBATAIRE.

Ouais girls. Genre vous imaginez avoir une chance. Ou du moins une chance de plus qu'il y a deux jours. Tout ça me fait beaucoup rigoler, mais en même temps, je me mets à ta place. Avoir une horde de foufounettes en chaleur qui se pâment à l'annonce de l'officialisation de ton célibat, j'imagine que ça ne doit pas être facile tous les jours.
Mais je te rassure. Toutes les filles ne sont pas comme ça. La preuve. Moi par exemple, je m'en contrecarre la nouille avec une pâte d'alligator femelle enragée que tu sois de retour sur le marché. Primo parce que j'ai bien plus de chance de comprendre la règle du hors jeu au foot que de te rencontrer. Et deuxio parce que je n'ai jamais vraiment compris l'engouement hormonal que tu provoques.

Commençons par le physique. Ne t'offusque pas, mais vraiment, je trouve que mon boucher a bien plus de charme que toi. Et ce n'est pas uniquement dû aux précieux conseils qu'il me donne pour ne pas louper ma blanquette de veau. Non puis cette façon de s'habiller. Je veux bien moi que tu veuilles te donner un style. Mais soit tu me fais penser à un petit garçon qui est tombé dans le placard de son grand père, soit aux punks à chiens qui vomissent leur bière devant H&M. Et le délire peau grasse et cheveux gras, j'ai décidé d'arrêter quand j'ai enfin réalisé que c'était peine perdue de faire la grève de l'hygiène, que c'est pas ça qui me ferait avoir des seins. De savoir que tu es en partie à l'origine du mouvement hipster avec tes fringues de clodo et les centaines de culottes de filles que tu dois recevoir, ça m'agace prodigieusement.

Je sais ce que tu vas me dire: le physique, ça fait pas tout. Encore heureux. Et toi en l’occurrence, tu as su t'entourer. Tu es quand même Ed Wood! Et c'est bien toi qui a payé les funérailles de Hunter S Thompson. Ce n'est pas rien, je le concède.  Mais quand même, Johnny. Être aussi peu charismatique face à une caméra, c'est vraiment pas donné à tout le monde! Enfin si, c'est aussi donné à Marion Cotillard. Enfin merde quoi! Maintenant que tu n'as plus ta femme sur les bras, au lieu d'aller courir la gueuse, tu devrais prendre des cours de comédie, je t'assure, ce ne sera pas du l'argent jeté par les fenêtres!

Je sais que c'est pas sympa de te sortir de telles horreurs alors que tu dois être dans une phase de fragilité. Mais partons du principe qu'une rupture c'est toujours le commencement de quelque chose d'autre et tu verras, tu me remercieras d'avoir été aussi honnête. D'ailleurs, si je peux me permettre, ce serait bien que ton copain Tim envisage de quitter ou de se faire quitter par Héléna. Parce que dans le genre à qui un nouveau départ ne pourrait pas faire de mal, il se pose là lui, surtout depuis Alice.

Je ne t'embête pas plus, j'imagine que tu as des stripteaseuses à aller fesser et des bouteilles de Moët à vider. C'est ça que font les êtres civilisés quand ils recouvrent la liberté, non?

Je t'embrasse pas, j'ai toujours des doutes sur la propreté de tes joues, mais le cœur y est.

Almira.

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lundi 18 juin 2012

La Philo selon Almira

La plus grande frustration qui me reste de mes années lycée, ce n'est pas de ne pas avoir pu me faire gober la glotte par un des garçons de la bande des skateurs. Non, ça, ça m'est passé aussi vite que mon goût pour les baggys mi-fesses et les cheveux sales. Ma plus grande frustration restera de n'avoir eu que 9 en philo après avoir passé une année à caracoler en tête de ma classe avec des moyennes de 15. Je n'ai pas d'explication à ça. Je pense juste que la vivacité de mon esprit et finesse de mes idées ont effrayé mon correcteur, qui a préféré étouffer ma verve dans l’œuf, pensant probablement que l'humanité n'était pas encore prête. Malheureusement, c'était sans compter sur les internets. Cette année, j'aurais ma revanche coeff 7. 

"aujourd'hui les mecs, c'est Almira qui fait le cours. Vous pouvez commencer à rouler les pétards"


Série L  Que gagne-t-on en travaillant? 

Comme le disait Henri Salvador, "le travail, c'est la santé. Ne rien faire c'est la conserver". La postérité ne nous a pas encore dit si ce brave Henri était à inscrire au panthéon de la philosophie, mais toujours est-il qu'il a vécu dans l'opulence, l'alcool et les femmes nues jusqu'à ses 90ans, ce qui peut être un argument très recevable dans une dissertation de philo. Par contre, le travail d'Henri n'est en rien comparable à celui qui attend tous ces braves et fringants bacheliers. En effet, rappelons que l'éternel jeune guyanais a cotisé pour sa retraite en chantant des chansons douces, la mort du lion, l'arrivée de Zorro et autres ritournelles. Si tout le monde bossait dans de telles conditions, le trou de la sécu, ça ferait un moment qu'il serait rebouché.

Alors, que gagne-t-on en travaillant?

Déjà, il faut savoir ce qu'on entend par "travailler". Est ce qu'on peut dire qu'on travaille quand on remplit un formulaire de télé-candidature sur le site du pôle emploi? Quand on voit les compétences requises pour ne pas céder à la rage quand pour la cinquième fois de la semaine, le site est en dérangement, ou pour résumer ses compétences et sa motivation pour un poste qu'on ne connait pas encore en moins de 140 caractères, j'ai envie de dire oui. Or dans ce cas là, il est clair qu'en travaillant, on gagne des cheveux blancs et de l’espérance de vie en moins. Et dans ce cas là, aller à la CAF remplir un formulaire pour toucher le RSA aussi c'est du travail. Et là, ce qu'on gagne, c'est des fourmis dans les jambes et éventuellement des varices. C'est qu'on est tellement nombreux qu'on piétine longtemps, et que la station debout ça peut avoir des conséquences dramatiques sur notre santé.

Parfois, en travaillant, on gagne aussi des insomnies, beaucoup de stress, un cancer lié à la trop grande proximité avec la photocopieuse et pas suffisamment d'argent pour aller faire ses courses au Lidl. Mais tout bien réfléchi, ça s'appelle un stage, et c'est pas un travail, parce que même si tu fais un remplacement de congés maternité, t'es là pour apprendre, alors on devrait purement et simplement oublier cet exemple. Quoi que... si on a le cul bordé de Barilla, ont peut gagner à peine plus du double, tout en gardant les cheveux blancs, les insomnies et le cancer de la photocopieuse: ça s'appelle un job normal, avec un salaire classique (le SMIC).

Depuis que j'ai commencé à réfléchir avec circonspection et grandiloquence à l'épineuse question des gains du travail il y a 4 minutes, j'ai envie de hurler DES SOUS! DES SOUS! DES SOUS! C'est vrai que ça semblerait logique. Tu vas à l'école pour pouvoir passer ton bac. Tu passes ton Bac pour pouvoir faire des études. Et tu fais des études pour pouvoir avoir un travail. Et tu as un travail parce qu'il te faut des sous. Personnellement, si j'avais les poches pleines de caillasses, je ne me casserai pas le fion à aller au turbin tous les jours. Je préfèrerai largement aller me faire dorer la couenne sur une plage des Bahamas. Or mes poches sont vides, et je suis bien obligée de reléguer mes rêves de farniente au second plan au profit de rapports financiers et de rapprochements bancaires. Mais en fait, les sous, c'est ce qu'on AIMERAIT gagner en travaillant. Parce que depuis que je travaille, des sous je devrais en avoir plein. Des tonnes. Des tas. Et ben que dalle. C'est à peine si j'ai de quoi payer les frais d'impression des lettres de rappel que m'envoie la BNP pour que je pense à me rappeler de combler mon découvert abyssal. Pourtant, Dieu sait que je travaille dur (enfin en dehors des pauses café, des RTT, et du temps infiniment long que met mon PC à s'allumer).

Du coup je m'interroge. Depuis que je travaille, j'ai gagné quoi?

- une envie de déposer une plainte pour harcèlement sexuel: une vielle histoire de job d'été ou ma tenue de travail se comptait en millimètre carrés, et ou le QI de mon patron de l'époque était inversement proportionnel à la puissance de ses pulsions physiques.
- la confirmation que j'ai vraiment les mains percées et les pieds palmés: il m'a fallu tenter d'embrasser une carrière de serveuse à pleine bouche pour m'en rendre compte.
- la fibre maternelle. Non je déconne, j'ai fait du babysitting, ce qui est le job de rêve pour toujours penser à prendre sa contraception.
- un crédit à rembourser: la première chose que j'ai fait en signant mon premier CDI? Je suis allée à la banque m'endetter sur 10 ans pour pouvoir aller acheter des bougies à Ikéa.
- une dépression: avant d'avoir les deux pieds dedans, je n'avais pas réalisé que travailler ça voulait dire passer huit heures par jour à faire des trucs chiants comme la mort avec des gens que je ne peux pas blairer.
- une deuxième dépression: il a fallu que je perde mon travail pour réaliser que de ne pas en avoir ça pouvait être un remède bien pire que le mal (mais je suis du genre à cautériser mes plaies avec du vinaigre).
- de la frustration: petite, je rêvais de travailler dans les rayons de Auchan en patins à roulette. Sauf que voilà, sous prétexte que j'avais des bonnes notes, on m'a forcée à avoir de l'ambition et à faire des études. Résultat des courses, j'ai une très grande conscience de ma situation que je trouve autant ennuyeuse qu'un film de Haneke sous titré en coréen et de mon avenir qui sera guère plus glorieux.
- une grande dextérité dans le alt + tab: j'ai bien intégré que le travail était indissociable de l'ennui. Mais heureusement, au travail j'ai internet.

Après, tout ceci n'est que mon avis. Mais enfin bon, puisqu'on me le demande, je dirais que ce qu'on gagne en travaillant, vu l'investissement temps / énergie / selfcontrol ne vaudra jamais le coup. C'est pourquoi je préconise à tous les bacheliers de faire comme se brave Henri qui lui avait tout compris, et de se mettre à l'opérette, ne serait-ce que pour produire des sujets de philo moins déprimants que celui-ci.
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mercredi 6 juin 2012

But I'm a creep




Je me sens tellement seule en ce moment, si tu savais.
Personne ne me comprend. Personne ne me soutient. C'est tellement dur parfois. Je me sens si différente, j'ai vraiment la sensation de venir d'ailleurs, d'être un extra terrestre. C'est pas facile à vivre. Souvent, j'ai envie de hurler ma marginalité à la face du monde, une bonne fois pour toute et qu'on en parle plus. Mais je me ravise. Je n'ai pas ce cran là. Je crois bien suis trop sensible au jugement des autres. Je n'assume pas.
Il y a quelques jours encore, je vivais plutôt bien ma différence. Enfin... disons plutôt que j'arrivais à la porter assez discrètement. J'arrivais encore à garder la tête droite. Je pouvais me regarder dans la glace. Mais depuis une semaine, je n'y arrive plus. Ça m'accable, je ne peux plus l'intérioriser. Même mon mec porte un regard différent sur moi depuis quelques temps. Lui qui dit m'aimer, et me soutenir quoi qu'il advienne. Je sens bien qu'il ne le supporte plus. Quelque part, je le comprends. Qui pourrait vivre avec ça? Supporter un tel poids au quotidien?
J'ai cherché une solution. J'ai pris sur moi. J'ai essayer de me forcer. De travailler ma différence. Rien à faire. Je ne peux plus lutter, et avec le temps, ça devient de plus en plus compliqué. Je ne trouve pas de solution. Je ne sais pas quoi faire. Peut être que cracher le morceau pourra m'aider, je sais pas...

Voilà.

On est le 6 juin 2012, et devant vous, je confesse ma tare.

Je n'aime pas le tennis. 

Non, non. C'est même pas que je n'aime pas ça, c'est que ça me dépasse complètement. Lâcher ça en plein milieu de Rolland Garros, alors que la terre s'est arrêtée de tourner au profit d'une petite balle jaune, c'est vraiment pas facile.


toi tu vas mourir, et tu le sais pas encore
 
Je n'ai jamais rien pigé aux règles. C'est pas que je suis bête, non. C'est juste que je trouve ça tellement pas intéressant.
Par exemple, l'autre soir, l'Homme en regardant Paul Henry Mathieu a dit:
     - OH Elle est longue!
     - Comment tu peux savoir, il trop ample son short pour qu'on puisse voir quoi que se soit! ai-je répondu.
J'ai dormi sur le canapé.

Je trouve ça tellement pas possible de se prendre la tête avec des règles si compliquées. Le rugby aussi c'est compliqué tu me diras. Mais si j'entrave pas plus les règles du tennis que les règles du rugby, au moins au rugby, tu vois des colosses au cuisseau appétissant se foutre sur la gueule et bouffer du gazon. Au tennis, personne ne bouffe rien, et t'as la sensation que le premier qui se mettra à chanter dans les gradins se fera lyncher à coup de Wayfarers. Super sympa l'ambiance.

Puis sans déconner, c'est quoi cette manière de compter les points? On peut pas faire 1, 2, 3, 4, 5 comme dans tous les autres sports? Non, ce serait beaucoup trop simple, beaucoup trop à la portée de la plèbe dépourvue de Wayfarers ou de polos Ralph Lauren. Alors ou passe de 15 à Jeu pour faire 1, et moi j'ai déjà mal au crâne. Et ça marche aussi dans le tennis amateur. Quand j'ai rencontré l'Homme, il m'a dit:

     - Quand j'étais plus jeune, je jouais beaucoup au tennis
(il croyait probablement m'impressionner)
     - Ha bon, et t'étais fort?
(on était au restau, j'avais oublié ma carte bleue, il fallait que je la joue serré)
    - J'étais classé 30/1
    - T'es vraiment qu'un porc. Tu pourrais attendre qu'on soit intimes pour me parler de tes mensurations!
Ce soir là, j'ai fait la plonge.

Pour savoir qui a gagné un match à l'annonce du score, il ne faut pas oublier de prendre de quoi noter, au risque de se planter. Et c'est d'autant plus valable si tu as regardé le match en entier, et que tu viens donc de passer plus de 4 heures collé à l'écran de ta télé. 4 heures à regarder deux types ou deux nanas se renvoyer la balle. Le tout dans un silence quasi religieux, seulement troublé par les hurlements pornographiques poussés par les joueurs. Je suis peut être pudibonde, mais tout ces cris orgasmiques, ça me fout mal à l'aise. Moi je t'interdirai tout ça au moins de 12 ans et on en parlerai plus. Je me demande d'ailleurs ce que fait le CSA. Enfin, tout ça aurait le don de me rendre folle et épileptique, si toutefois je me retrouvais dans la situation de devoir regarder un match de tennis dans son intégralité sans avoir la possibilité d'ouvrir ma gueule. Si un jour on dois me torturer, mettez moi devant Rolland Garros, et j'avoue tout ce que vous voulez.

Et last but not least. L'unique raison pour laquelle je regarde le sport à la télé, c'est pour les sportifs. Que celles qui regarde les mondiaux de natation juste pour admirer la coulée de Camille Lacourt me jette la première pierre. Or au tennis, qu'est ce qu'on a? Des colosses avec un bras bien plus gros que l'autre. C'est déjà assez difficile de vivre en sachant que mon sein gauche est plus gros que le droit, et que mon œil droit et mon œil gauche sont infichus de regarder dans la même direction. Je vais pas non plus me mettre à fantasmer sur un type encore plus asymétrique que moi.

Voilà. C'est craché. Je sais que je ne serais plus jamais la même à vos yeux. J'en suis désolée. Lynchez moi, je suis prête...
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