Il y a peu, j'écrivais un post désespéré sur l'affreux quotidien du chômeur.
Depuis, la situation a changé.
Après avoir passé quelques semaines vautrée sur mon canapé, à suçoter des peaux de Justin Bridou toute la sainte journée, vêtue du plus seyant des pyjamas, et drapée dans la plus profonde des dépressions, voici que je reçois le coup de téléphone qui changea ma vie. Du tout au tout.
Mon ami Roberto, bien informé de ma grande déchéance (j'avais alors commencé à faire des tresses avec les poils de mes mollets pour tuer le temps) m'a appelé pour me proposer du travail. Ne t'excites pas, Roberto, il tient un resto. Roberto avait besoin d'une serveuse. Roberto a pensé à moi. Roberto m'a appelé.
Au début, j'ai failli ne pas accepter. Déjà, je n'avais tressé que la jambe gauche, et j'aime la symétrie. Ensuite, j'ai pleinement conscience de n'être ni la grâce incarnée, ni la papesse de l'adresse, ce qui, quand on est serveuse, peut poser un certain nombre de soucis. Puis je me suis regardée dans la glace et j'ai constaté que je n'étais toujours pas démaquillée de l'avant-veille. J'ai alors décrété que pour ma santé mentale, il serait bien que j'aie une raison de sortir de mon trou, de déboucher mes pores et de me brosser les dents. Alors j'ai dit oui.
A partir de dès à présent, je suis donc serveuse, jusqu'à ce qu'un vrai travail toque à ma porte.
la polyvalence ou je ne m'y connais pas. |
Je déteste être serveuse.
Primo, j'ai une mémoire de poisson rouge. Entre le moment ou le client m'énonce ce qu'il a envie de manger et le moment ou je dois le noter sur mon petit calepin, il semble s'écouler un temps suffisamment long pour que mon cerveau passe à complètement autre chose.
Exemple:
Moi: Alors, vous avez fait votre choix?
Le client: Oui, alors en entrée, je pendrais un tartare de cervelle d'agneau
Moi: Alors vous avez choisi ce que vous voulez manger?
Le client: Je viens de vous dire ce que je veux en entrée!
Moi: Vous êtes sûr?
Le client: Mais oui! La cervelle d'agneau!
Moi: Ah... un foie de veau donc.
Le client: Non. Une cervelle d'agneau
Moi: Autant pour moi. Une langue de boeuf donc.
Le client: UNE CER-VELLE D'A-GNEAU
Moi: Très bien très bien. Du fromage de tête, c'est noté.
Le Client: Donnez moi votre satané calepin, je vais la prendre la commande moi.
Deuxio, comme je l'ai déjà dit, je suis adroite comme un éléphanteau épileptique qui s'adonnerai au funambulisme. Je ne peux porter qu'une assiette à la fois et avec les deux mains. Et si j'arrive à la porter à la table du client sans l'avoir renversée, c'est un peu une victoire sur moi même. Par contre, faut pas me demander que la commande de la Table 4 soit servie à la table 4. Une seule chose à la fois, déjà elle arrive à une table, j'estime que c'est un bon début.
Tercio, je suis persuadée que même avec un pied bot et le syndrome de gilles de la tourette, il est impossible d'arriver à la cheville de ma grâce et de mon élégance. Mets moi une assiette entre les mains, tu peux être sure qu'en plus de me vautrer avec, je m'exclaferai à plein poumons un truc du style "l'enfoiré de sa race de sa mère la pute à routiers, j'ai encore fait tomber une de ses putain d'assiettes de merde".
Quatrio, j'ai beaucoup de mal avec les gens qui n'ont pas d'humour.
Exemple:
Le Client: Mademoiselle, une question!
Moi: Je suis toute ouïe...
Le Client: Qu'est ce qu'il y a dans la sauce là, elle a un petit goût que je n'arrive pas à retrouver...
Moi: Ça? Ah, mais c'est pas de la sauce ça. C'est moi, je suis un peu enrhumée, et parfois, j'ai du mal à contenir mes éternuements.
Le client: ....
Moi: Oh ça va hein, si on peut pas déconner...
Cinquio, j'ai toujours eu beaucoup de mal à tirer parti de mes atouts. En effet, c'est pas parce que je me sape comme une péripatéticienne en période de soldes et que les clients prennent ça pour une invitation à regarder ma culotte chaque fois que je me retrouve les quatre fers en l'air suite à une n-ième chute dans le restaurant qu'ils me filent des pourboires. Ces rats.
Sixio, j'ai de mauvais réflexes féministes. En général, quand un client (mâle) me demande de l'eau ou du pain, je m'entends toujours répondre "t'as qu'à te lever, je suis pas ta bonne hein!" en brandissant mon majeur.
Septio, je suis aussi très douée pour l'oenologie: je débouche les bouteilles avec les dents, c'est moi qui goûte (pour vérifier qu'in ne soit pas bouchonné, sait-on jamais), et je recommande chaudement aux clients de boire leur Chateauneuf millésimé avec une lichette de coca.
Ouais. Je déteste être serveuse. Et le métier me le rend bien j'ai l'impression. A mon prochain rendez vous au pôle emploi, je pourrais fièrement annoncer à mon conseiller que mon projet professionnel a évolué, et que j'ai désormais la certitude que les métiers de bouche ne sont pas ma came.
Je l'ai déjà dit, mais vraiment, il le faut. Trouvez moi un job.
Tu bosses où ? Je veux venir voir ça ^^
RépondreSupprimer@maviedeboulet nan, mais attends, c'est pas un post sponsorisé ça. Si tu veux savoir, faut lâcher les biftons!
RépondreSupprimerHa je veux venir voir ça aussi !
RépondreSupprimerje pense sincèrement que serveuse est l'un des métiers les plus difficiles... comme caissière ou ouvrière. pour l'instant je n'ai pas encore été obligée de faire ces métiers, mais j'en ai fait des biens pourris aussi (compter des voitures à 7 heures du matin par exemple!)
RépondreSupprimerT'es géniale! J'adore ta façon de raconter tes péripéties!!...Tu devrais écrire un bouquin!!!!En attendant, courage!...Il faut continuer à fouiner à droite à gauche et être à l'affût d'un boulot, comme tu rêverais d'avoir. Je te souhaite de l'obtenir. Bonne chance.
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