Comme la perfection n'est pas de ce monde, je lis Glamour. Oui, dans un monde parfait, je serais une fille parfaite qui lirait Nietzsche dans le texte pour accompagner ses séances de bronzage à la plage. Au lieu de ça, je me gave de recueils de publicité (que je paie) agrémentés de ci de là de quelques brèves prétendument intelligentes.
Et dans le Glamour de ce mois ci, outre une sélection de tenues de bains hors de prix qui seront du dernier chic au moins jusqu'à la fin de la semaine prochaine et un article pratico-pratique pour transformer ton mec en coup du siècle (indispensable comme un trikini à 175 boules qui fait des marques de bronzage ridicules) (merci la presse féminine de rendre ma vie si belle), on peut lire un article de fond sur les filles drôles.
Dans ce dossier, qui à mon sens mérite un Pulitzer de platine tellement il est révélateur de l'essence même du journalisme d'investigation, on apprend que les filles drôles, c'est la vie, et qu'en plus si elles jolies, c'est Lucy in the sky with diamonds.
Je me suis sentie directement concernée par cet article. Parce que selon une croyance populaire, rien de tel qu'une Almira au coin du feu pour égayer les longues soirées d'hiver.
Evidemment, ma première réaction a été de me sentir pétrie de fierté. Quand Glamour propose des dossiers sur ces filles, qui, à 23 ans, ont déjà fait sept fois le tour du monde, ont lancé une boite de recyclage de papier wc sur le point d'être côtée en bourse , qui en parallèle ont monté une ONG pour l'alphabétisation des poneys des steppes mongoles, et ce bien qu'elles soient nées dans une favela de Rio et qu'elles aient été excisées avec un taisson de bouteille à l'âge de quatre ans, je me sens beaucoup moins concernée.
Alors qu'un article sur les petites marrantes, tu parles si d'un coup je me suis sentie importante.
Enfin jusqu'à ce que je le lise.
Parce qu'on en parle pas assez, mais des clichés sur les filles marrantes, on en véhicule par packs de douze.
Déjà, il semblerait que tout le monde aime les filles marrantes. C'est faux. Les gens qui lèvent les yeux au ciel en soufflant comme des boeufs et en soupirant "oh non pas elle" forment une secte aux adeptes bien plus nombreux et virulents que celle des adorateurs de car-en-sac. Pourquoi me direz vous? ça doit être tellement fun de partager son oxygène avec une boute-en-train jamais dernière sur la gaudriole et la potacherie pourtant, non? Il semble bien que non, effectivement. L'humour, c'est subjectif. Pire, certains en sont totalement dépourvus. Et que côtoyer quelqu'un qui place le mot bite toutes les trois phrases, qui tire ta chaise quand tu t'apprêtes à poser ton séant dessus et qui se retrouve les quatre fers en l'air tous les cinquante mètres, c'est pire que le supplice de la roue pour certains. Surtout si les certains en question ont eu une éducation basée sur des principes selon lesquels l'utilisation à outrance d'un vocabulaire scatophilo-sexuel est à leurs yeux d'une impolitesse rare, que rire aux dépends des autres n'est pas correct, et qui ont un sens de l'équilibre tout à fait normal. Soit quasiment tout le monde.
Le cru 2011 des filles marrantes est censé ressembler à autant de miss météo du Grand Journal de Canal+. Donc des filles au minois félin et aux jambes qui leur arrivent pile poil sous la superbe paire de melons qui leur sert de nichons. Je m'esclaffe. De mon point de vue de fille marrante, l'humour, c'est tout ce qu'il reste aux nanas pas terrible. "J'ai pas réussi à te mettre dans ma poche avec mon oeillade bovine et mon déhanché pachydermique, alors je vais te raconter la blague de toto aux toilettes. Elle au moins, elle est bonne." Attention, je ne dis pas que l'humour est un truc de moche. C'est juste un truc de filles qui maîtrisent moyen les techniques classiques d'aguicherie, vu qu'elles ont deux mains gauche, la grâce d'un veau hémiplégique, et le potentiel de séduction d'un routier en fin de soirée foot.
L'humour, pour la drague, c'est finger in the nose. La preuve: on dit bien femme qui rit, femme à moitié dans ton lit!
FAUX
Primo: ce sont les garçons que j'aimerai mettre à moitié dans mon lit.
Deuxio: au pire, les garçons en question ne me trouvent pas drôle et me lancent des pierres pour que je débarrasse le plancher avec mes blagues pourries de type bourré qui prend une nonne pour batman tandis qu'accoudée au bar, Marie Couchetoila, son humour de noyau d'olive et son 95D attendent sagement. Au mieux, ils me trouvent marrante et me payent des bières en passant la soirée à me mettre de grandes claques viriles dans le dos en m'appelant Roger.
Pas nécessairement le but recherché.
Oui, alors quand des garçons témoignent dans Glamour que la drôlerie chez les filles est synonyme de finesse d'esprit et de poésie, je réclame sur le champ leurs tests sanguins. Pour dire de telles choses, il faut au moins être sur l'emprise de plusieurs drogues dures. Elle est ou la poésie quand je me fais chier dessus par un pigeon? Quand je rote ma bière? Quand je raconte la fois ou j'ai eu une intoxication alimentaire et que je me suis endormie dans mon vomi?
Glamour m'assure qu'être une fille drôle c'est cool. Glamour, laisse moi te dire que tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'au coude.
Si les filles drôles sont drôles, c'est qu'elles n'ont pas le choix. Tu vois, style l'humour est la politesse du désespoir. En gros, soit elles sont drôles, soit elles sombrent dans la dépression à force d'être poissardes, maladroites, étourdies, gaffeuses, et atteintes du syndrome de Gilles de La Tourette. Oui, bien sûr que je parle de moi. La fille qui se croit obligée de raconter une blague sur les blondes à sa boulangère parce qu'elle vient d'éternuer de toute son âme sur le panier à croissants, je la connais intimement. Très intimement même.
Glamour parle même d'une fille qui aurait trouvé un job en sortant une blague pédophilo-lol à son futur employeur. Fadaises vous dit la fille adepte des blagues sur les promotions canapé lors de ces entretiens d'embauche et qui est toujours en recherche active d'emploi digne de ce nom, et ce malgré de très nombreuses interviews accordées par de potentiels recruteurs.
En résumé, je vous le dit. Être une funnygirl, c'est un sacerdoce. A la limite de la malédiction. Un peu comme être une fille méga canon, qui trouve ça tellement difficile de devoir vivre au quotidien avec sa propre beauté. Et pour mon plus grand malheur, je suis les deux...
...chienne de vie
... je vais aller lire cosmo. Ca va m'achever.
Merde. Je ne suis ni drôle ni belle. Ma vie est foutue.
RépondreSupprimerHahaha qu'il est bon ce billet. Je me retrouve bien dedans.
RépondreSupprimerPar contre, j'ai fouillé dans mes souvenirs et je crois que j'ai toujours aimé faire rire les autres, même quand j'étais dans la séduction (avant d'être maquée donc) et avant que les kilos liés à cet état (le mariage) me servent de deuxième (troisième) peau.
Donc j'avais un physique pas dégueu et je parlais déjà l'humour couramment. Je ne suis donc pas certaine que ce soit un choix par dépit, je crois qu'on a ça en nous ou pas.
D'ailleurs à cette époque je m'en serais bien passé, parce que justement, je crois que ça annulait complètement mes qualités physiques... L'humour est réservé aux mecs, je crois.
Et tu cherche quoi comme taff déjà? Non parce que si c'est clerc de notaire ou croque mort que tu veux faire, c'est logique qu'ils apprécient pas ton humour de toto... En tout cas moi je me marre bien à te lire. Change rien !
RépondreSupprimerD'un autre côté... Tu as lu ça dans Glamour.
RépondreSupprimerJe lis Glamour et Cosmo poche, je trouve ça LOL et ça m'aide dans la compréhension de la psyconnassologie des filles :D
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