dimanche 29 juillet 2012

Adieu Mark.

Je viens de supprimer mon compte facebook. Définitivement.

J'ai dégagé mon compte comme on enlève une bande de cire sur une aine poilue. A un moment ou même moi je ne m'y attendais pas, pour ne pas avoir le temps d'hésiter. Et quand facebook m'a dit que la suppression de mon compte serait définitive, j'ai ri en pensant à toutes les données me concernant qu'ils avaient encore en stock, puis j'ai validé sans le moindre état d'âme.

Comme tout le monde, ça fait un moment que je me dis qu'il faut que j'arrête. Mais je n'ai jamais sauté le pas. J'avais toujours une bonne excuse. Facebook, c'est pour mon blog. Facebook, c'est le seul lien de contact que j'ai avec certaines personnes.

Bullshit.

Je n'ai jamais été capable d'invoquer d'autres "bonnes" raisons de rester sur facebook. Et en plus de ça, aucune d'entre elles n'est vraie. Si je regarde les statistiques de mon blog, non seulement elles sont loin d'être affolantes, mais en plus de ça, seule une infime partie de mes visites vient de facebook. Quant à la question du contact. Il y a certes des gens avec qui facebook est mon seul point de contact. Mais est ce que je communique avec eux? Non, jamais.

Alors pourquoi être restée sur facebook aussi longtemps? Pour de mauvaises raisons. Uniquement des mauvaises.

En premier pour tromper mon ennui. Dès que mon esprit se met à divaguer une seconde, je vais sur facebook, regarder les actualités de mes "amis". La plupart du temps, je n'y apprend rien, je ne découvre rien. Mais c'est plus fort que moi, dès que mon esprit se décolle c'est sur facebook que je le retrouve, à regarder défiler d'un oeil de poisson mort des actualités toutes plus insignifiantes les unes que les autres.

J'y vais aussi pour me mettre en scène. Des liens soigneusement sélectionnés, des photos tirées sur le volet, des commentaires et des "j'aime" soigneusement distillés, des statuts exagérément travaillés. Sur facebook, je veux être cette fille parfaite, cultivée, intelligente, drôle et jolie à qui il arrive tant de choses incroyables. Qu'importe si dans la vraie vie j'ai un QI de moule, que Cauchemar en cuisine me passionne, que je me bidonne au son de mes flatulences ou si j'ai un double menton, un oeil qui dit merde à l'autre, et que l'événement le plus remarquable de ma journée c'est cette piqûre d'araignée sur la fesse. Sur facebook, je me la joue. Je donne libre cours à mes pulsions narcissiques. Soyons honnêtes, je me touche.

Non contente de me tripoter en poussant des petits cris de plaisir, j'en rajoute avec une petite dose de sadisme. Facebook, c'est mon Confessions Intimes à moi. Quel bonheur de pouvoir m'affliger des statuts de untel qui confond son mur facebook et son rendez vous avec son proctologue! Quelle joie d'être scandalisée par unetelle qui raconte les détails les plus sordides de sa rupture amoureuse! Quel plaisir d'être horrifiée par trucmuche qui publie au vu et au su de tous des vidéos de ses enfants nus! Je suis la première à critiquer ceux qui se gargarisent de ses realityshows, mais ce qu'ils cherchent en regardant ces émissions putassières et de mauvais goût, je le trouve sur facebook. Ca me rassure, de voir que vous êtes (selon des critères que je me suis arbitrairement fixés afin qu'ils m'arrangent) pires que moi.

Facebook, c'est une sale petite habitude, qui me renvoie forcément au pire de ce que je peux être. Une réac moralisatrice et prétentieuse, toujours prompte à porter des jugements, mais incapable de se remettre en question. Une sale petite habitude que j'adore, comme on adore gratter un bouton de moustique jusqu'à avoir des morceaux de peau sous les ongles et du sang plein les doigts. Alors forcément, il arrive que ça se retourne contre moi. Le commentaire de trop, la mauvaise personne à blacklister, le statut mal interprêté. Je ne compte pas le nombre de facebookgate aux conséquences parfois très dures qui ont jalonné ma vie depuis 2007. Pourtant, rien jusqu'à aujourd'hui ne m'a conduit à l'irréparable. Fermer définitivement mon compte, et dire adios aux notifications.

Alors pourquoi aujourd'hui?

Aujourd'hui, ça a été la goûte d'eau qui a fait déborder la piscine olympique. Le commentaire de trop. Celui qui a outrepassé les limites de ma vie privée et de la décence. Quelqu'un que je connais "en vrai" s'est permis de porter un jugement sur ma vie intime, qui ne regarde que moi et ceux que j'estime être directement concernés a un endroit qui ne s'y prêtait pas. Dans ce commentaire, il ne parlait pas que de moi. ça m'a mis dans une rage folle. Pour qui est ce que tu te prends pour te permettre de faire ce genre de commentaire? Ou est ce que tu te crois pour parler ainsi de mon intimité? Qui tu es pour te permettre de juger la manière dont j'organise ma vie? De quel droit est ce que tu me donnes des leçons de morale?   Je n'ai vu ce commentaire que quelques heures après qu'il ait été posté.

Au début, j'ai répondu, pour voir comment il réagirait. Puis, quelques secondes après, j'ai supprimé le post. Et là j'ai réfléchi, et j'ai compris. Ce commentaire désobligeant, je l'ai cherché. En me mettant en scène, en étalant un pan de ma vie tout en ayant la prétention de croire que je pourrais cloisonner. C'est impossible. Si on peut maîtriser l'image qu'on veut donner, on ne maîtrise pas celle qu'on a de nous.

Je sais que se sera dur. Le sevrage me demandera un peu de temps. Il va falloir que j'oublie ces sales petits réflexes. Mais cette fois, j'en suis sûre. Je ne reviendrais pas.

Rendez-vous sur Hellocoton !

jeudi 26 juillet 2012

Message Capital

Bonjour.

Je me présente.

Je m'appelle Almira, je n'aurais jamais 30 ans, et je vis en province.

Oui, en province. En Provence même. Je vis au pays des cigales et du pastis. Je vis au pays du "putain" et de "l'encatané". Je vis au pays des platanes qui surplombent les terrasses de café et de l'apéro aux olives. Ca a toujours été le cas. Depuis ma naissance. Et j'espère que ça durera encore quelque temps.

Vivre dans ma région n'est pas chose facile. C'est presque devenu une conviction personnelle, un acte de militantisme. Pourquoi? Parce que chez moi, il n'y a pas de travail. Je le sais, j'ai cherché. Il devait en rester un qui traînait, alors je l'ai pris. C'est pas forcément celui qui me va le mieux, mais je sais que je peux m'estimer heureuse. Le travail, chez moi, ça se résume à des emplois saisonniers ou des métiers de bouche. Tu peux éventuellement tenter le bâtiment, surtout si tu sais comment t'y prendre pour retaper une vielle bâtisse. Tu peux aussi te lancer dans une carrière d'ouvrier agricole si tu veux. Pour le reste... c'est plus compliqué. Pourtant, le métier que je veux exercer, il se trouve au beau milieu de ce reste, frétillant comme un goujon au milieu des métiers de la com et du culturel. Pourtant, le métier que je veux exercer, je peux l'exercer de n'importe ou. Du moment que j'ai les compétences (je les ai), le wifi (ça aussi je l'ai), et un moyen simple et efficace de monter à la capitale (je peux être à Paris en quatre heures chrono, moyennant la vente d'un rein et d'une partie de mon foie). La décentralisation. J'en ai les côtes douloureuses tellement je ris.

Chez moi, tous les mois de juillet, se déroule deux festivals de théâtre simultanément. Ca fait un monde fou dans mes petites rues médiévales où le reste de l'année, il n'y a personne pour voir que j'ai coincé mon talon entre deux pavés. Et en même temps que ces milliers d'affiches de plus en plus laides au fil des ans, c'est une cohorte de gens du spectacle et d'amateurs de théâtre qui viennent s'installer chez moi.  Attention, ne vous méprenez pas. J'adore le Festival. J'adore voir tous ses gens qui d'habitude ne mettent jamais leurs pieds dans un lieu de culture enchaîner les pièces. J'adore me peler les miches dans la cour d'honneur un soir de grand mistral. J'adore me faire apostropher dans la rue par un type qui veut me parler de sa version de tel ou tel texte. J'adore rire des jeunes tracteurs qui, pour me vendre leur spectacle me disent "c'est bien, ça parle de l'amour et de la mort".

Parmi tous ces gens de spectacle, beaucoup viennent de Paris. C'est inévitable, puisqu'il semblerait qu'en dehors de la capitale, il soit bien plus difficile de vivre de la culture. Il m'arrive même de penser parfois (surtout dans le IN) que le festival d'Avignon s'est contenté de déplacer un morceau de la capitale pour le mettre dans la cour du Lycée St Joseph. Ce n'est pas une critique, juste un constat, qui à mon avis, piquerait un peu les yeux de Jean Vilar.

un porte-clefs, c'est capital. 


L'autre soir, j'ai rencontré l'un de ces gens de spectacle. Un ingénieur du son. Les bras m'en sont tombés.

Ingénieur du son: Ah là là, que j'en ai marre, ce que j'ai hâte de rentrer!

Almira: Ah ben oui, je comprends, le festival, c'est crevant quand même, non?

IS: Ah, non, ça ça va encore, j'ai l'habitude, ça fait partie du job!

A: Alors pourquoi t'en a marre?

IS: C'est cette région... Regarde moi ça... que des ploucs. Un truc de dingue.

A: Pardon?

IS: Non mais faut être réaliste, mis à part le festival, il y a rien ici. Rien, rien, rien. Que des ploucs. Ils font quoi les gens ici d'Août à Juin? Ils hibernent? Ha ha ha! Je les vois d'ici, aller s'acheter de beaux habits du dimanche pour aller au spectacle, la seule sortie de l'année. Et encore, pour aller voir Ma Femme me prend pour un sextoy. Tu vois de quel spectacle je parle? Les types qui tractent déguisés en banane? Je payerai cher pour voir un mec d'ici faire la queue à la cour d'honneur. Et les filles du coin. Faut les voir! Vulgaires et incultes. Par contre, pour niquer, c'est un bonheur. Tu leur dit que tu viens de Paris, elles ont déjà la culotte aux genoux. Ha ha ha! Ca, je m'en suis tapé de l'avignonnaise!

A: Tu rigoles là j'espère?

IS: Ben non je rigole pas. On voit bien que tu connais pas ici toi. Moi ça fait quelques festivals que je fais, je commence à bien les connaître les gens du cru. Putain, même les taxis c'est des connards. L'autre jour, j'ai voulu en prendre un, et le con, il me dit "Wo putaingue, moi, j'en fait pas des courseuh pour moinsse de dix euros, hé!"

A (ramassant sa mâchoire inférieure gisant sur le sol): C'est vrai qu'à Paris, les taxis sont tellement réputés pour être serviables et gentils.

IS: C'est vrai, mais merde quoi! Je venais d'arriver, j'avais mes valises! Quel connard, je te jure!

A: Certes, mais son attitude est inhérente à sa condition de chauffeur de taxi plus qu'à sa condition de provençal, tu crois pas?

IS: Non. Tous les gens d'ici sont comme ça...

A: T'en a pas marre de ce parisianisme de base? Tu sais Paris, c'est pas le centre du monde, il se passe des choses ailleurs!

IS: C'est pas du parisianisme! C'est des faits! Bref, je m'en fiche, je repars demain. Bon et sinon, toi tu vis ou?

A: Vers là bas, à 200m d'ici.

IS: ... Oh merde. Tu vis ici? Mais qu'est ce qui t'a pris de venir t'enterrer dans ce coin paumé là! Ca va pas là tête? Paris c'est tellement mieux. A paris, on peut aller au musée, au théâtre, au cinéma...

A: Tu sais, ici, on a deux très belles salles d'art et essai, une superbe collection d'art contemporain, et une offre en terme de théâtre super intéressante. On a aussi des salles de concert. Et ah oui, j'oubliais: le loyer de ma maison est égal au loyer de ton garage.

IS: Oh, genre, l'autre... N'empêche, toute l'année, tu te coltines que les gros beaufs du coin. Mais d'où tu viens pour t'enterrer ici? C'est dingue ça quand même, une fille comme toi!

A: Je suis née là. Comme mon père. Comme ma grand mère. Comme mes arrières grand parents, et comme leurs parents. Et je sais lire, j'ai fait des études, je vais au théâtre, et tu vois, ma culotte est toujours bien rangée dans mon short. Pourtant, j'ai bien compris que tu étais parisien.

IS (devenu aussi blanc soudainement qu'un parisien d'ayant pas vu le soleil depuis le mois de mars): ...  Oui, mais toi... toi c'est pas pareil. Puis tu sais, je rigolais, hein!

Tu rigolais, bien sûr. Cher ingénieur du son, tu mériterais que je te badigeonne de miel de lavande et que je t'abandonne en pleine cagne, au son des cigales, livré en pâture aux abeilles.


Rendez-vous sur Hellocoton !

mercredi 18 juillet 2012

Le cas de la Première Dame

Il y a un certain nombre de statuts que je trouve peu enviables. Celui de Première Dame en est un.

Première Dame. En voilà un rôle bien bâtard qui ne rime a rien. Simple Femme de, elle n'a absolument aucune légitimité. Elle ne doit sa présence qu'au bon vouloir de son compagnon. D'ailleurs, si on a une idée, même vague, de la manière dont il compose son équipe et dont il choisit ses collaborateurs, on ne sait pas sur quels critères le Président de la République choisi la Première Dame. Est-ce pour sa conversation éclairée? Ses idées arrêtées? Son humour décapant? La fermeté de son postérieur? Son don pour la pelote basque? La douceur de ses cheveux? Son talent pour la blanquette de veau? Parce qu'elle peut toucher son nez avec sa langue? Parce qu'elle parle parfaitement l'allemand? On en saura jamais rien.
La Première Dame est par définition une potiche. Elle ne doit sa présence qu'au fait qu'elle partage sa couche avec le chef de notre état. D'ailleurs, quand elle n'a plus la possibilité de lui souffler son haleine de poney mort au visage au petit matin, c'est qu'elle est sur la sellette. Sur la sellette de quoi d'ailleurs?

La Première Dame de France, titre ronflant qui fleure bon le machisme rétro de l'ancien régime, époque bénie ou derrière chaque grand homme se cachait une femme, toujours prompte à cirer des pompes, à préparer des cupcakes, ou à avoir un décolleté très protocolaire. Une belle paire de chaussures, un bibi à la Jakie O, et la voilà qui défraye la chronique. Après tout, la France, est un pays grosso modo composé pour moitié de femmes. Il est important que ces dernières se reconnaissent dans la république. Et comme il est absolument inconcevable qu'elles s'impliquent directement et concrètement dans la construction des idées politiques (pour rappel, une femme, c'est cet être joliment idiot qui continue à croire qu'on peut avoir des idées et porter une robe), on leur permet d'avoir un rôle brodé de dentelle chantilly et de thé vert détoxifiant. En même temps, soyons lucides. La politique, ça reste une affaire virile. Un truc de poilus dont on discute en fumant des cigares. C'est dur, c'est violent, c'est un truc d'hommes. Donnons à la première dame un rôle à la hauteur de son statut. Une fondation pour aider les enfants malheureux fera parfaitement l'affaire, et les cochons seront bien gardés.

Non non non, il ne s'agit pas juste d'un rôle honorifique. La Première Dame a un rôle primordial. Celui d'apporter un peu de douceur dans ce monde de brutes. Elle est là pour montrer que le Président est un homme comme les autres, que lui aussi de temps en temps il aime bien se faire tailler une petite pipe. Un homme sans femme est forcément un homme qui a un problème de séduction. Ou une petite bite. Et c'est bien connu, il en faut une grosse pour diriger un pays. Et alors plus elle est jolie, plus nos lendemains chanteront. La première dame, elle apporte une touche d'humanité dans un monde de violence, de pauvreté et de sang. Elle permet aux citoyens de pencher la tête sur le côté avec une moue attendrie pendant qu'on augmente leurs impôts.

si on m'avait prévenue que devenir Première Dame impliquait de se prendre des bouts de cervelle sur mon tailleur préféré, j'y aurais réfléchi à deux fois...


Il y a un peu plus de cinq ans, la France à tremblé. A quelques pour cents près, la première dame aurait pu être un homme. Je peux vous dire qu'on a eu chaud. Un homme potiche et une femme active à la tête de notre pays? On aurait été droit dans le mur. Vous imaginez un peu le genre d'idées dangereuses que ça aurait pu glisser dans l'esprit de nos filles, nos sœurs, nos mères? Qu'une femme peut exister, même loin du giron de son homme? Qu'elle peut, malgré le port d'un soutien gorge Chantal Tomass avoir les couilles de porter notre pays? Je vous le dis, on est pas passé loin de la cata. Fort heureusement, les citoyens français ont eu la présence d'esprit de mettre un type à la tête de notre pays, comme il se doit. Et le type en question nous a en plus fourni la plus jolie et délicate des premières dames. Et même un bébé (c'est mignon les bébés, ça fait oublier la crise).

Il y a quelques semaines, les français ont changé de Président. Mais cette fois, ils ont merdé. Ils ont élu celui qui aurait pu être notre première dame. Elle est ou la testostérone inhérente au rôle de chef des armées? En plus, il n'est même pas marié. Vous imaginez, le scandale quand il recevra la reine d’Angleterre? Et en plus de ça, la Première Dame n'est même pas la mère de ses enfants. Et comble du comble... elle est journaliste, et elle a un compte twitter. Bon, soyons rassurés, Michelle Obama est bien copine avec notre First Girlfriend, et en plus Valérie Hollande (excusez moi, j'ai du mal à l’appeler par son nom de jeune fille) est jolie comme un bouquet de renoncules, et elle maitrise super bien l'art du brushing.

Peut être que je m'angoisse pour pas grand chose. Après tout, la France a surement besoin de quelqu'un comme Valérie Tierweiler. Son action pour sauver la presse people et les soap est louable. Presque autant que si elle avait choisi de se consacrer au sauvetage des bébés phoques.


Rendez-vous sur Hellocoton !

lundi 16 juillet 2012

Ma soeur est un boulet et autres concidérations culturelles


Ce matin, je me suis retrouvée à discuter de Ma Sœur est un boulet avec ma collègue dithyrambique sur ce spectacle qui lui a provoqué moult fous rires "c'est pour te dire si c'était bien". Je l'ai patiemment écoutée me raconter comment elle avait trouvé le jeu de l'actrice formidable, les répliques tordantes de rire, et les costumes "vraiment bien foutus". Et quand elle m'a vivement conseillé d'aller dépenser comme elle 17 euros, j'ai même répondu "ouais, pourquoi pas, je vais y penser". Pourquoi est ce que je ne lui ai pas suggéré à mon tour d'aller voir ce petit spectacle de funambule sans prétention mais plein de poésie ou ces clowns hilarants de finesse et d'absurde? Je me pose encore la question.

L'affiche du crime - mes yeux saignent
C'est un secret pour personne. L'élitisme est mon petit vice caché. Certains se rongent les ongles, d'autres mangent leurs cheveux, j'en connais qui sont cleptomanes. Moi, je suis élitiste. Je ne jure que par le Grand, le Beau, le Vrai. La nana qui lit Closer dans le train? C'est à peine si je lèverai des yeux dédaigneux de mon Faulkner pour lui signifier mon mépris. Les conversations sur l'Amour est dans le pré autour de la machine à Café? Je n'y participerai que lorsqu'elles évoqueront la Nouvelle Vague et la Politique des Auteurs. Que voulez vous, c'est comme ça, je suis une véritable connasse, toujours prompte à poser un jugement méprisant sur la manière dont tu occupes ton temps libre.

Mais ne dit-on pas que le premier pas vers la guérison c'est la prise de conscience? J'ai eu la mienne très tôt. Quand j'ai réalisé que lire Jane Eyre pendant mes récrés collégiennes au lieu de sniffer de l'eau écarlate ne pouvait m'attirer que des jets de pierre. J'ai même poussé le vice, lors de mes premières années de fac loin du giron familial, jusqu'à acheter un album de David Guetta et à me rendre comme à la messe aux soirées Benny Benassi.J'ai fait du mainstream ma clef vers l'intégration. Je ne voulais qu'une chose, me fondre dans la masse, me faire oublier. Ça a été très efficace. Aujourd'hui encore, je cache à mes collègues ma passion pour Twin Peaks, et je me contente de hocher la tête quand elles me font le résumé des épisodes précédents de Plus belle la vie. Je ne pense pas que je leur avouerai que l'un de mes plus grands regrets sera de ne pas avoir vu Bowie sur scène quand elles trépignent à l'idée de voir Hélène Ségara en live (J'ai déjà eu bien assez mal quand, surexcitée, je leur ai dit que j'allais voir Radiohead, et que comme un seul homme elles m'ont dit "c'est quoi?"). Je ne suis pas certaine que je leur communiquerai mes impressions sur Nouveau Roman après les avoir entendu répéter à maintes reprises à quel point le théâtre c'était nul, chiant et cher. Je ne compte pas les fois ou je me suis mordue la langue en les entendant dire "le cinéma, j'y vais jamais, c'est toujours la même chose" ou alors "la musique? oh, tu sais, à part ce qui passe sur Chérie FM..." quand ce n'est pas "ah non, moi le soir en ville, je sors jamais, ça craint trop, il n'y a que des dealers et des drogués". Pourtant, si on a pas forcément le même niveau d'étude (mon master étant directement lié à ma boulimie de connaissances), on vient de la même région, on est allées dans le même type de lycées, et nos parents sont issus des mêmes catégories socioprofessionnelles, et petites, on avait le même type de pratiques culturelles.

J'ai bien conscience que j'ai tort d'agir comme ça. Puisqu'elles partagent avec moi des choses qu'elles aiment, pourquoi est ce que j'essaierai pas de les rendre curieuses de ce qui me passionne? Pourquoi est ce que je ne me lance pas le défi de les intéresser à ce qu'elles ne connaissent pas? Probablement parce que j'ai l'impression qu'en mettant mes centres d'intérêt sur la table de la pause café, j’induirais implicitement que ce qu'elles aiment, c'est du vide, du creux, du rien. De l'antimatière. Je pense que j'ai aussi une peur absolue qu'elles me répondent "non non, n'insiste pas, tes conneries là, ça ne m’intéresse pas du tout" ou encore "faut vraiment pas avoir la lumière à tous les étages pour être attirée par ce genre de trucs d'intellos". J'ai peur de devenir cette péteuse donneuse de leçon qui se permet de porter des jugements de valeurs sur ce que font les gens.

Pourtant, ça me démange. C'est fou ce que ça me démange. Ce qui me pique le plus, c'est de voir à quel point les gens comme mes collègues de travail se limitent. On vit dans un monde d'une richesse incroyable et absolue, avec des moyens d'accéder en un clic à des infos jusqu'à il y a peu totalement hors de portée. Autour de nous, tout est source de création, d'idées, de réflexions, d'interprétation, de connaissance. Et ils se contentent de ce qu'on leur sert au travers de la première chaîne de leur écran plat. C'est comme si on se retrouvait dans la plus grande confiserie jamais vue et qu'on se contentait de suçoter ses crottes de nez.

Alors oui, la culture, ça demande un effort. Lire un livre, ça prend du temps. Regarder un film art et essai, ça demande de la réflexion. Aller voir une pièce de danse contemporaine, ça comporte un risque. Et oui, cet effort est difficile à faire, surtout quand on a passé sa journée au boulot, puis qu'on s'est occupé de trois enfants cannibales, et qu'on a de tous petits revenus. Mais regarder Fargo sur Arte coûte le même prix que regarder Secret Story sur TF1. A ceci près qu'en regardant Fargo, on a un retour sur investissement immédiat, puisqu'on aura vu un film avec un vrai regard. Acheter des livres, c'est cher. Mais ma carte de médiathèque ne m'a rien coûté, et me permet le luxe de choisir les livres compulsivement, juste parce que je trouve que la couverture est jolie. Prise de risque = 0. Si le bouquin ne me plait pas, je le ramène et j'en prends deux autres à la place. Pour la musique? Youtube, Deezer, Grooveshark, Spotify, Dailymotion, j'en passe et des moins légaux. Écouter de la musique, découvrir des artistes, et décider que non, ça on aime pas, c'est les doigts dans le nez. Reste le spectacle vivant. Là, ok, l'investissement est forcément sonnant et trébuchant. Mais tout dépend dans quoi on veut investir. Dans du divertissement pur? Tiens, parlons pets, fesses et secrétions, rigolons un bon coup, merci au revoir? Ou dans quelque chose qui restera comme un souvenir et une source d'inspiration dans lequel on pourra venir piocher (quitte à trouver ça long et un peu chiant sur le moment) quand on veut?

Et voici donc la question que je me pose sans relâche chaque fois que les premières affiches fleurissent sur les murs d'Avignon. Qu'est ce qui fait la différence entre ma collègue (qui a surkiffé Ma Sœur est un boulet) et moi (qui ai ravalé mon vomi à la simple vision de l'affiche)?

Rendez-vous sur Hellocoton !

vendredi 13 juillet 2012

au poil.

L'été.
J'aime l'été.
Les pulls remisés au placard. Les jupes qui se raccourcissement. Les orteils qui se montrent. Les lunettes de soleil qui se la pètent. La peau qu'on aime voir dorer (alors qu'en vrai, ne soyons pas dupes, elle rougit). Les cigales qui chantent à m'en faire péter les tympans. Les Mister Freeze. Les maillots de bain. L'air moite. La sensation que la chaleur a tellement dilaté mes poumons qu'ils vont exploser dans ma poitrine. La sueur qui s'obstine à perler au dessus de ma lèvre supérieure. Mes pieds qui gonflent et mes jambes lourdes.

C'est fou ce que j'aime l'été. C'est ma saison préférée...

...jusqu'à ce que je décide de passer avec sensualité ma main sur mon mollet pour appuyer mon propos. Et que je me retrouve avec la paume de la main à vif, comme si je l'avais frénétiquement frottée sur de la paille de fer.

Ah ouais, c'est vrai. J'ai des poils.

à cause de toi, je n'irai jamais en Australie.

Quand je regarde mes poils, je pense à Darwin et aux théories de l'évolution. Je ne suis pas très au fait des choses de science, mais si j'ai bien compris, selon Darwin, les espèces ont évolué pour s'adapter à leur environnement.

En un sens, c'est pas faux. Mon cul est parfaitement adapté à environnement des jeans Zara. Mon estomac est lui aussi parfaitement adapté à l'environnement de ma cuisine ou règnent en maitre la pancetta, les cornichons, le fromage de chèvre qui pique les yeux et le pain frais. Mon foie quant à lui, est parfaitement adapté à l’environnement des côtes du Rhône. Et en ce qui concerne ma biglerie, elle est parfaitement adaptée à cette manie qu'ont les gens de ne pas être francs du collier et à toujours te regarder en coin.

Je suis globalement une fille bien adaptée. Sauf que j'ai des poils. On m'a dit que c'était pas pareil. Que ça venait de mon patrimoine génétique. Et que je devrais être fière de mes origines méditerranéennes. Mon cul ouais. Avec mes dessous de bras, on pourrait poncer un panneau en chêne massif. Or il serait bien que mon patrimoine génétique comprenne que je n'ai pas l'intention d'évoluer vers la menuiserie.

L'hiver, mes poils, je les ignore superbement. C'est à peine si je leur accorde un regard dédaigneux quand mon mec, s'étant approché trop près de mon tibia, relève soudainement la tête en pleurant parce que l'un de mes poils lui a crevé un œil. J'ai même deux tiroirs à culottes. Sur celui celui d'hiver, j'ai collé une représentation de l'Origine du monde de Courbet. Sur celui d'été, une photo de Kojak. Pourquoi deux tiroirs? Parce que mes culottes d'hiver ont en moyenne une taille de plus que mes culottes d'été. Une sombre histoire de volume pileux.
Pour être tout à fait honnête, mes poils hivernaux, je m'en accommode carrément bien. Pas besoin de collants pour avoir le cuisseau bien au chaud. Mais l'hiver ne dure malheureusement qu'un temps, et bientôt arrivent les beaux jours ainsi que mon irrépressible envie de montrer mes guiboles et mes dessous de bras.

Je devrais me foutre de tout ça. Après tout, les poils, c'est la nature. Tout le monde en a. Certains plus que d'autres, certes, mais il n'y a que très peu d'épargnés. Puis l'épilation, ce n'est qu'une mode. Un diktat imposé par je ne sais quel lobby comercialo-cosmético-pornographique. C'est devenu une norme sociale, une marque d'hygiène (alors que je vous le dis tout net: personne n'a jamais dit à Demis Roussos qu'il était un gros crado, tandis que quand des touffes de poils dépassent joyeusement de mon bikini, on me traite de petite négligée dégoutante).  En plus tout ça est ruinant. Vous avez pas idée du budget cire - rasoirs - esthéticienne - pince à épiler que je passe dans l'année. De quoi me payer plusieurs allers retours à Sydney. Je devrais être au dessus de ça. J'irai même plus loin. Je devrais garder ma toison, et militer pour le retour de la foufoune brute de poils. Les femmes n'ont pas à être des poupées lisses et glabres, à la peau de plastique et aux sourcils symétriques. Les femmes n'ont pas à être ses être dépourvus de moustache. On est pas des poupées mannequin sur lesquelles on pose des fringues, et à qui on fait pouet pouet camion. On a un cerveau. On est libres putain. LIBRES. VIVE LES POILS.LES POILS C'EST LA LIBERTÉ. LA RÉVOLUTION PASSERA PAR LES POILS. LONGUE VIE AUX POILS.

C'est vrai, je devrais. Mais je devrais aussi prendre rendez vous chez l'esthéticienne, parce qu'à force de se frotter contre mon mollet droit, mon mollet gauche est tout griffé.

Rendez-vous sur Hellocoton !