vendredi 30 septembre 2011

Moiroir Miroir


“Toi, je peux vraiment pas te blairer”

Il n’y a qu’une seule personne à qui je peux dire ça. 

Celle qui est là en face de moi, planquée derrière le miroir, et qui me regarde avec ses yeux de merlan. A elle, je peux lui dire, sans sourciller, en la regardant dans le blanc des yeux:

“Je peux vraiment pas te blairer”

ou pas...

Je ne le pense pas tout le temps. Pas tous les jours. Il y a même des fois ou la fille dans le reflet me plaît bien. Il arrive que je la trouve sympa. C’est vrai qu’elle l’est, la plupart du temps. Des fois, elle l’est un peu trop: il lui arrive d’accepter des choses dont elle n’a pas envie juste parce qu’elle a peur de froisser les autres. Elle trouve que c’est ça “être serviable”. Et elle a surtout peur de décevoir les gens si elle dit non, et qu’après ça, ils ne l’aiment plus. Alors elle préfère faire les choses, même s’il lui en coûte, plutôt que de dire non. Moi je trouve ça plutôt lâche, mais c’est plus fort qu’elle. Ça va avec sa manie d’avoir peur de déranger. Elle est du genre à passer trois jours au bord de la mort sans appeler qui que ce soit, pas même un médecin ou les pompiers, parce que ce qui lui arrive n’est pas si grave, que ça va passer, et que c’est pas la peine de déranger ces braves gens pour rien. On est d’accord que ça va loin, mais c’est dans sa nature. N’empêche que la plupart du temps, la fille dans le reflet est plutôt cool avec les autres. 

Parfois, je la trouve marrante. C’est vrai qu’elle a de la répartie, et qu’il lui arrive d’être plutôt bien inspirée. Parfois, elle m’a fait rire. C’est vrai, c’est en général une fille plutôt drôle, même si elle tombe régulièrement à côté de la plaque. Je dirais même qu’il n’est pas rare qu’elle soit carrément lourde. Mais finalement, même si son humour ne passe pas tout le temps et pas avec tout le monde, on pourrait la classer dans la catégorie des gens avec qui on peut passer du bon temps.

Elle n’est pas trop bête. Enfin, la plupart du temps. On peut même la qualifier de fille plutôt intelligente. Ce qui ne veut pas dire qu’elle se serve de son intelligence à bon escient. Elle a quand même un talent assez développé en ce qui concerne la prise de mauvaises décisions. Quand elle a un choix à faire, elle pèse longuement le pour et le contre. Elle arrive à cerner lequel serait le bon, lequel serait le mauvais, et avec assez de justesse. Il n’empêche, à chaque fois, allez savoir pourquoi, elle fait le mauvais. Et en connaissance de cause. Certainement par masochisme. Le bon sens, ce n’est pas ce qui la caractérise. Tout simplement parce que la plupart du temps, elle ne réfléchit pas. Elle se fie à son instinct, bien que depuis le temps, elle devrait savoir qu’il est vraiment de très mauvaise qualité. 
Pourtant, elle est intelligente, puisqu'elle peut faire preuve de créativité, elle peut s’adapter à plein de situations différentes, et que certains de ses raisonnements peuvent susciter de l’intérêt. 

Je la trouve relativement saine. Ses rapports avec les autres sont plutôt simples, même si une quantité non négligeable de personnes décident de ne pas l’aimer sans même avoir cherché à la connaître. Par contre, avec ceux qui l’aiment bien ou ceux qui ne se sont pas encore fait d’opinion, ça se passe pas trop mal. Elle se débrouille en société, et elle manie les codes qui régissent les interactions humaines avec une certaine aisance. Même si parfois son humour (qui à ce moment là doit être difficile à porter) lui fait faire d’énormes bourdes. Elle arrive à dissimuler relativement bien qu’elle déborde de névroses et qu'elle a des casseroles à dissimuler. Ce qui lui donne parfois un petit air suffisant voire condescendant, je l’ai même vu donner des leçons de vie, voire porter des jugements sur la manière dont ses pairs gèrent leur existence. Alors qu’elle ne vaut pas mieux que les autres. J’ai tendance à penser que c’est même plutôt le contraire. 

Il peut m’arriver de la trouver plutôt jolie. Certains jours, la nature semble être de son côté, ses cheveux tombent bien, ses traits sont reposés. Elle peut dégager une image pas trop désagréable. Malheureusement, la plupart du temps, son visage m’irrite. Rien que de le voir me met en colère. J’ai l’impression que rien n’est à sa place. Tout pourrait être harmonieux, mais non. Il y a eu comme un raté quelque part. Quelque chose ne fonctionne pas, quelque chose d’extrêmement irritant. C’est bizarre qu’un visage provoque ce genre de réaction, mais la plupart du temps, quand je vois le sien, j’oscille entre le mépris respectueux et la rage impuissante. Après tout, elle n’y peut rien si elle n’a pas été touchée par la grâce. 

Mais la plupart du temps, la fille du reflet, je la déteste. En général, pour en arriver à détester quelqu’un, il faut que la personne détestée nous ai fait un certain nombres de crasses, ou bien qu’elle aie des défauts rédhibitoires. C’est le cas avec la fille dans le miroir. Elle m’en fait voir de toutes les couleurs. Pas un jour ne se passe sans que j’aie envie de lui mettre un grand coup de pieds aux fesses.
Elle est pétrie de défauts détestables: elle est étourdie, maladroite. Elle est incapable de gérer correctement son esprit et son corps. Résultat des courses, elle casse tout ce qu’elle touche. Et quand elle ne casse pas, elle perd, elle oublie, elle abîme. Elle n’a aucune maîtrise de son corps: elle est toujours entre un choc et une chute. Les mots qui sortent de sa bouche subissent le même sort: elle bafouille, elle bégaie, elle dit des choses sans queue ni tête, alors que dans son esprit, tout était clair. Elle est désorganisée à un point ou ça en est effrayant: tout en elle n’est que désordre. Un champ de bataille miné. Les détails du quotidien sont pour elle des montagnes qu’elle n’arrive pas à franchir: trouver ses clefs, fermer les portes, savoir ou sont son téléphone, ses lunettes, ne pas laisser les fenêtres ouvertes, fermer le gaz, éteindre les lumières, ne pas laisser sa carte bleue dans le distributeur, se rappeler de son code, ne pas se trancher un doigt en coupant le pain… elle est incapable de faire la moindre de ses choses spontanément. Ça fait de ma vie un enfer. 

Elle a la fâcheuse habitude de négliger tout ce qui pour elle n’a pas d’importance. Et ce qu’elle concidère comme n’ayant pas d’importance sont la plupart du temps les choses dont son sort dépend directement. C’est donc elle qu’elle néglige le plus. Elle est complètement infichue d’aller au bout de ses idées et de ses envies. Dès qu’elles sont sur le point de se concrétiser, elle les laisse totalement tomber. Son esprit est un cimetière de projets avortés. Certains n’étaient certes pas viables. D’autres auraient pu très bien fonctionner. Mais voilà, dès qu’elle doit faire preuve d’un peu d’assurance et de confiance en elle, c’est la panique et tout s’écroule. Il lui est arrivé de laisser tomber des choses qui pourtant me tenaient vraiment à coeur. Elle a tellement peur de se planter et de devoir subir le jugement des autres qu’elle préfère encore s’ébrouer dans la médiocrité. On lui a déjà dit qu’elle pourrait faire des choses bien. Mais ça voudrait dire prendre des risque, accepter que les autres la voient se planter, et surtout accepter qu’elle pourrait effectivement s’en sortir. Et ça, il semblerait qu’elle n’en n’ait pas envie. Et surtout, elle se sait bien trop angoissée et paniquée pour avoir le cran de réussir quoi que se soit. Alors elle patauge dans une marre de boue tiédasse, en disant que si elle en est là, c’est la faute de la société et de la crise. Ça lui donne une excuse pour ne pas avoir à se poser les vraies questions et à prendre les bonnes décisions. Et moi ça me donne envie de l’attraper, de la secouer comme un prunier et de lui demander de quel droit elle se comporte comme ça avec moi. Surtout en ce moment. Elle me file des miraines, m'empêche de dormir la nuit, me colle des boules d'angoisse dans le ventre, me provoque des bouffées de colère. 

C’est pour ça que ce matin, quand je l’ai vue, je lui ai dit que je pouvais vraiment pas la blairer, même si dans le fond, je le pense pas vraiment. 
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vendredi 23 septembre 2011

lettre ouverte à l'enflure qui a piqué mon vélo

Chère enflure qui a piqué mon vélo,

Ce matin, je me suis levée d'excellente humeur. J'ai pris mon petit déjeuner d'excellente humeur. J'ai pris ma douche en écoutant les infos d'excellente humeur (ce qui, vu la teneur des infos ce matin, relève de l'exploit). Je me suis habillée d'excellente humeur. J'ai ouvert la porte d'excellente humeur. J'ai baissé les yeux d'excellente humeur. Et là ou aurait dû se trouver mon vélo, je n'ai vu qu'un antivol cisaillé.

j'ai plus de vélo, mais au moins j'ai du vernis à ongles


Tu m'as piqué mon vélo. Tu n'es qu'un enfoiré de batard de merde.

Dans un premier temps, laisse moi te dire que tu n'as pas fait une affaire. La selle tient avec du chatterton. Les poignées son usées jusqu'à la corde. Le panier se casse la figure. Le garde boue avant est cassé. Le plastique qui protège le pédalier est en miettes. Les freins fonctionnent mal. Le dérailleur arrière a un problème. La sonnette est à deux doigts de tomber. Bref, c'est une belle merde que tu as volé, et crois moi, tu n'en tireras pas un centime.

Tu pourrais me rétorquer que c'est pas la peine d'entrer dans le jeu des insultes, puis qu’après tout, tu ne m'as volé qu'un ersatz de vélo et que je n'ai qu'à m'en trouver un autre. Sauf que ce vélo, bien que merdique, c'était le mien. Que j'en avais besoin. Que tu l'as pris. Et que je ne pourrais pas en acheter un autre.

Vois-tu, espèce de rat d'égout, tu as volé ce vélo à un moment très inapproprié. Un moment ou ma bonne humeur matinale tenait du miracle et des délicieux croque-monsieur que m'avait préparé mon amoureux hier soir en essayant de me rassurer sur mon sort. Oui, en volant mon vélo, tu as appuyé très fort sur ma tête alors que j'essayais de sortir le nez dans la fange dans laquelle je me noie depuis quelques temps.

Si tu veux tout savoir, j'ai 26 ans, un bac +5, et des perspectives d'avenir aussi sombres que le fond du trou du cul que tu es. Depuis presque deux ans, j'accumule les CDD qui sont aussi éloignés de mon domaine de compétence que toi tu es prêt à te recevoir mon poing dans ta gueule si un jour je te croise. Aujourd'hui, je dépends quasiment entièrement des aides sociales. Tu sais, celles que le gouvernement qualifie souvent d'assistanat, mais qui ne me donnent même pas aujourd'hui le luxe de me racheter une merde à deux roues d'occase sur le bon coin. Et je cherche du travail. J'ai abandonné l'idée de bosser dans le secteur qui me plait: il n'y a pas d'offres, et les rares que je trouves sont abominablement précaires (et de plus en plus rares: l'Etat, en cette période de crise, a choisi d'arrêter de subventionner ces fameux contrats) et du coup, la concurrence est bien trop rude pour mon curriculum vitae. Alors je cherche à faire de l'alimentaire. Je postule, j'envoie des lettres de motivation et des cv, j'appelle, je relance, je me déplace, je vais à des entretiens. Et quand je me présente, que je parle de mon parcours, on me rit au nez: pourquoi postuler chez nous avec un tel bagage? Vous êtes bien trop qualifiée! Vous recrutez, ce serez dévaloriser votre diplôme. On m'a même dit une fois "j'en ai rien à faire moi de votre bac +5, les intellos, j'en veux pas, allez voir ailleurs si j'y suis". Ces gens là n'ont pas compris que je sais très bien à quoi je postule. Ils n'ont pas compris non plus que celui qui peut le plus peut le moins. Ils n'ont pas compris non plus que j'étais dans un état d'urgence.
Finalement, l'un d'entre eux est conciliant. Il me donne ma chance. C'est un CDD de 4 mois, au smic à mi-temps. Je n'ai pas encore le cul sorti des ronces, mais c'est au moins ça. Du moins je croyais. Sauf que voilà. Suite à un imbroglio administratif, ce job, qui pour moi était acquis, l'est d'un coup beaucoup moins. Tu vois, en moment, je cumule. Et encore, je ne te parle pas des soucis financiers et autres qui accompagnent (logiquement) mes déboires professionnels, ni même de tout le reste.

Et là dessus, toi et ta tenaille vous entrez dans ma vie. Et grâce à vous, ce matin, je me suis retrouvée sur le perron, un antivol cisaillé à la main, et j'ai réalisé que je n'étais plus qu'une jeune fille pessimiste et fauchée de 26 ans, victime de la crise, sans la moindre idée de ce que sera son avenir, contrainte désormais se déplacer à pieds, à cause d'un connard qui n'a rien d'autre à faire de ses nuits que de voler des vélos pourris dont personne d'autre que moi ne pourrait vouloir.

Ridicule voleur de vélo, minable hors la loi, criminel de pacotille, pilleur de faibles, j'imagine que si tu en es à voler des vélos déglingués, ton quotidien ne doit pas valoir mieux que le mien. Toi et moi, on doit en être au même niveau sur l'échelle sociale. On est pas mieux loti l'un que l'autre, même si au départ, j'avais pourtant plus de chances que toi (des diplômes, de l'expérience, un entourage stimulant, des contacts...). Et je crois que c'est pour ça que je suis tellement en colère contre toi. On vit tous les deux dans une société qui ne veut pas de nous et qui nous a mis au même niveau, moi qui aide les mamies à traverser la rue, et toi qui leur pique leurs sacs.

Sur ce, je te souhaite une bonne bourre avec mon vélo. Sache par contre que si un jour je te croise, je te ferai avaler un pédalier.

Almira.





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lundi 5 septembre 2011

Rentrée

C'est la rentrée.

J'ai pas envie d'y aller.

J'ai une boule au ventre.

C'est bête parce que j'adore l'école. C'est pas l'école le problème, c'est les autres. Je serais avec les même qu'en 6ème. Et déjà, ils ne m'aimaient pas.

D'autant que pendant l'été, j'ai changé de lunettes. Et on m'a posé un faux palais en feraille.
On va se foutre de moi comme jamais, je le sais. Je vais en prendre plein la tête.
Je m'emballe peut être pour rien remarque. Autant les autres m'ont oubliée pendant les vacances. Ils se rappellent peut être plus de la fois ou je me suis gaufrée dans la cantine, de la fois ou je me suis pris le ballon de hand au coin de la gueule, et surtout de la fois ou je suis sortie des toilettes avec jupe coincée dans la culotte. Moi en tout cas, tout ça j'aimerai bien l'oublier. Peut être qu'ils ont oublié qu'au tableau, quand je suis face à la classe, ça m'angoisse et je me mets à bégayer en bavant. Peut être qu'ils ne se rappellent plus qu'ils m'appelaient "Pétrolette" pour se foutre de moi. Et qu'à chaque fois, ça me fait pleurer. Avec un peu de chance, ils auront oublié que je suis aussi nulle en sport que bonne en français. A moins qu'ils aient décidé que renifler de l'eau écarlate au fond de la classe d'histoire-géo en me collant des chewing gums dans les cheveux était devenu ringard. Si j'ai de la chance, Jennifer aura déménagé. Ce qui fait qu'elle ne me menacera plus de me filer des baffes si je ne lui fait pas ses devoirs d'anglais. Et peut être que je n'aurais plus Mme Durant en Maths, celle qui avait m'avait collée parce que j'avais laissé Jamel me copier dessus (j'avais pas le choix, il sortait avec Jennifer, c'était ça ou il jetait mon sac à dos à la poubelle). Peut être qu'Aurélien aussi m'aura oublié. Peut être qu'il ne se rappellera plus que je suis allée lui demander s'il voulait sortir avec moi, et qu'il m'a mis le plus gros et douloureux de ma vie: "ça va pas la tête?".

Peut être que je m'angoisse pour rien! Après tout, c'est une nouvelle année. J'ai un nouveau sac à dos. Un Poivre Blanc. Ma trousse elle aussi est toute neuve. Et cette année, j'ai pu choisir moi même mon agenda. J'ai même pu choisir mes vêtements toute seule. Ils sont prêts depuis hier soir sur le lit. Un caleçon beige avec des empiècements en velour marron, un tee-shirt avec un coeur brodé dessus et mes kickers jaunes et orange (je voulais les rouges, mais les oranges étaient bien plus soldées ). Ça ira, c'est  à la mode. Enfin je crois. Ma mère trouve que c'est pas joli. Elle voulait que je mette une robe. Sauf qu'il est hors de question que je mette une robe. Ce serait comme porter une pancarte "jettez moi des cailloux". Elle comprend rien de toute manière.
Hier, elle m'a coupé la frange. Elle est presque droite m'a - elle - dit hier. Le presque m'inquiète un peu, alors je vais mettre du gel, pour pas que ça se voie. Les filles les plus cool du collège, celles qui fument derrière le self mettent du gel, et ça c'est un signe qu'il FAUT mettre du gel sur ma frange. Peut être même que cette année, je fumerai, même si je trouve que ça pue et que cet été, quand j'ai essayé, j'ai vomi. Si ça peut me rendre plus populaire, je suis prête à tout, mais il faudra que je m'entraîne. C'était trop nul l'an d'être considérée comme trop laide de service. Même ma meilleure copine est venue chez moi pour me dire qu'elle préfèrerait qu'on ne se parle pas pendant les heures de classe, parce que ça nuisait à son image. Heureusement, elle était d'accord pour rester ma copine, mais que le mercredi, le week end et pendant les vacances. Mais on sait jamais, peut être que cette année, ce sera mieux...

"Almira, dépêche toi, on y va"

Bon.

Faut que j'y aille.


C'est la rentrée.

J'ai pas envie d'y aller.

J'ai une boule au ventre.
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lundi 22 août 2011

le plus beau jour de sa vie

Hier était un grand jour. Probablement le jour le plus important de l'année. Un jour qui selon mes critères personnels devrait être férié et payé double à l'avenir.

Certes, hier, la situation en Lybie, c'est un peu emballée, et Kadhafi doit probablement être en train de compter ses abatis. Certes, hier, un orage magistral s'est abattu, un peu comme un message pas vraiment caché du type là-haut, sur les JMJ pendant que BXII tentait de faire son discours. Mais tout ça n'est que flamby périmé, coquillettes trop cuites, et coca éventé face à cet évènement d'envergure mondiale, dont nos petits enfants se rappelleront encore.

Hier, Kim Kardashian s'est mariée.

Oui, je sais, moi aussi ça me le fait: rien que d'écrire cette phrase, ma gorge s'est serrée, les poils de mes bras se sont hérissés, et un frisson a parcouru ma colonne vertébrale.





Putain. Kim s'est mariée. Kim, toi qui tient le monde entre tes doigts manucurés depuis que t'as comme par hasard laisser trainer tes sextape un peu n'importe ou. Kim, toi qui dirige l'entertainment mondial a grand coups de poitrine opulente et de popotin majestueux. Kim, toi qui règne sans partage sur le bling et le mauvais goût en transformant des caisses d'argent durement gagné ton papa décédé en défendant cet agneau d'OJ Siimpson en Louboutins vertigineuses. Kim, toi qui réinvente le concept d'intimité, de vie privée et de générosité en allant jusqu'à foutre des caméras dans les chiottes de tes sœurs pendant qu'elles dégobillent des litres de champagne, pour qu'elles aussi accèdent à la gloire que tu as amplement mérité.
Kim, tu es un exemple pour nous, tu seras un modèle pour nos enfants.


 On peut faire ta bio en deux lignes, pourtant, tu amasses des bennes de pognon dès que tu secoues tes grands cheveux. Tu as bâti un empire sur une vidéo de ton cul, et aujourd'hui, tu te maries comme une vierge. Non sans avoir exhibé pendant plusieurs mois la bague que ton heureux fiancé t'as offerte. Veinarde, c'est pas tout le monde qui peut se vanter d'avoir une bague de 20,5 carats qui vaut le prix de la survie de la Somalie tout entière.

Je sais que les mauvaises langues me diront que j'en fait trop, que t'es finalement pas si importante que ça, surtout au vue de l'actualité mondiale. Ce ne sont que des trolls. La preuve que le mariage de Kim est un évènement qui figurera sur les livres d'histoire de nos enfants: Lindsay Lohan et sa mère étaient là. Et elles étaient belles.

définition du glamour: le mauvais sosie d'Ophélie Winter et le mauvais sosie de BB

Quoi qu'il en soit, Kimy, je te souhaite plein de bonheur, AKA un divorce qui te rapportera tellement de fric que tu pourras offrir des extensions capillaires à tout le sud de la Californie.


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jeudi 4 août 2011

Almira the barbarian

A un moment donné, il faut se rendre à l’évidence. Faire face à la réalité. C’est la crise. L’économie est en berne. La société broie du noir. Les comptes en banque voient rouge. Et moi, il me faut un boulot. De toute urgence
Ce n’est pas du tout le bon moment pour moi de me poser des questions à base de ce que je pourrais bien faire pour gagner ma croûte. Il faut aller à l’essentiel, miser sur l’efficacité. C’est pour ça que je sais désormais ce quel métier je dois faire: réalisateur de film d’action d’époque (bien plus facile à caser sur un CV que réalisateur de film porno).

C’est tout à fait dans mes cordes et je sais exactement comment procéder. 

ETAPE 1: Le scénario
Facile. Il suffit de trouver une légende populaire basée sur des tonnes de testostérone qui n’a soit jamais été adaptée au cinéma, soit il y a plus de 20 ans. On peut piocher dans les comics, dans la mythologie, ou dans la littérature d’aventure. Il est important de garder la trame d’origine, que les spectateurs s’y retrouvent. Coller une histoire de traders démoniaques à Tarzan par exemple serait un échec cuisant. Il s’agit de personnages que tout le monde connaît. Les sortir de leur contexte, ce serait non seulement très déstabilisant pour le public, et puis en plus, ce serait s’infliger du travail inutile. Un con a déjà pris la peine de nous écrire une histoire, contentons nous de l’adapter:  
  • En y ajoutant du cul. Plein. Et des seins aussi. Et même un peu d’amour. Pour attirer les filles.
  • En y ajoutant de la violence. Et des explosions. Et des bagarres. Pour attirer les garçons. Si on veut être un peu subversif, on peut même insérer des scènes de violences impliquant du cul. 
Pas la peine de trop se prendre la tête. Le scénario, c’est juste un moyen d’emballer proprement les scènes de cul et les scènes de violence. Par contre, il n’est pas inutile de simplifier le mythe au maximum, histoire qu’on comprenne bien ou sont les gentils, ou sont les méchants, et que les gentils ont bien raison de se battre avec les méchants. On est pas là pour se prendre la tête non plus…

ETAPE 2: Le financement
Vu la qualité et l’efficacité de mon scénario, je vois pas du tout comment cette étape pourrait poser la moindre difficulté. Autant la sauter tout de suite.

ETAPE 3: Le casting.
On parle de cul et de violence. Il faut donc faire un casting en conséquence. Restons cohérents.

Le héros: Il faut qu’il soit beau, qu’il ait un regard de braise, et beaucoup plus de muscles que la moyenne des humains. S’il pouvait avoir une voix un peu grave et le teint mat des hommes de terrain, ce serait pas mal. Le sourire ultrabright a son importance. On parle de héros. On parle donc de gentil. Et qui dit gentil, dit sourire. Inutile de recruter au cours Florent. C’est pas d’un acteur dont on a besoin, c’est d’un tas d’hormones qui fait baver d’envie filles et garçons (mais pas nécessairement pour les mêmes raisons). Le héros n’aura qu’une dizaine de phrases, de préférence sentencieuses, à balancer durant tout le film. 

L’héroïne: Elle est pas belle, elle est bonne. Si elle a déjà fait du porno ou des trucs approchant, c’est pas grave. Au contraire, ça attire le chaland. Faut qu’elle ait des jolis cheveux, la peau douce, et une énorme paire de sein. Là ou ça se complique, c’est qu’il faut qu’elle ait l’air triste. Et oui, n’oublions pas qu’elle est dans la merde, au point d’avoir besoin d’un héros pour la sauver. Elle peut savoir se battre, mais il faut qu’elle garde un air de biche aux abois en toutes circonstances. Elle n’est là que pour rendre le beau héros encore plus héroïque. C’est une fille, son rôle n’est pas de prendre la vedette.

Le méchant: Lui par contre, il est laid. Il a des cicatrices, il bave. S’il a une voix grave et qu’il sait grogner, c’est encore mieux. Le rire démoniaque est aussi un critère à retenir. Par contre, il faut qu’il soit au moins autant musclé que le héros. Parce que comme dit l’autre, “à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire”. Il faut que les scènes de baston soient crédibles. Si malgré sa vilenie il peut garder une certaine aura sexuelle au point d’attirer l’héroïne dans son lit, c’est bien. Un peu de trahison dans un film d’action n’a jamais fait de mal à personne. Pour rajouter un potentiel cul, on peut lui donner une copine méchante. Elle par contre, elle doit être canon et avoir les yeux qui crient braguette. 

ETAPE 4: Les costumes, les décors et les accessoires
Pour les costumes c’est facile. Pour les garçons, ça va de la peau de bête à l’armure médiévalo-contemporaine. Pour la fille, pas besoin de se prendre le chou: moins elle est habillée, mieux le spectateur se porte. Pour défier la censure, on aura cependant prit soin de lui mettre de grandes extensions de cheveux pour lui cacher les seins. 
Pour les décors, il suffit de poser sa caméra dans des endroits de nature hostile: Ikéa le samedi après midi, le désert, la haute montagne. 
Quant aux accessoires, notamment les armes, il faut que ça fasse mal. Le truc indolore qui te tue d’un coup sec, on en veut pas. Nous ce qu’on veut, c’est des instruments de tortures avec des lames rouillées, pesant des ânes morts, que les personnages principaux brandiront au dessus de leurs têtes en hurlant comme des damnés. La fille, elle peut à la rigueur avoir une lime à ongles incrustée de pierreries, mais pas plus. Il faut rester crédible. 

ETAPE 5: Le tournage
Faire en sorte pendant le tournage que les acteurs couchent ensemble. Quitte à dépenser des fortunes en alcool et en poppers. 

ETAPE 6: La post production
Le montage: Attention à bien respecter cette règle d’or. Pas de plan de plus de 4 secondes. Jamais. C’est interdit.  

Les effets spéciaux: des explosions, des monstres visqueux, des volutes de magie, des montagnes qui s’écroulent, des tempêtes, des démons effrayant, des temples maudits, des patates en slow motion … Tout est prétexte à profusion d’effets spéciaux. Le réalisme, c’est un truc de blaireau. Nous ce qu’on veut, c’est du spectaculaire, du grand-guignol, de l’excès, de la débauche. Chaque plan doit envoyer du pâté. S’il faut faire sortir des flammes des tétons de l’héroïne, et bien on fera sortir des flammes de ses tétons. 

Le bruitage: faire de chaque bruit quelque chose d’ éminemment impressionnant. Même la respiration de la chèvre du héros (il faut bien qu’il mange) doit filer les chocottes. 
La musique: restons classiques. Pour le film d’action d’époque, on a rien fait de mieux que le heavy metal ou Era. 

ETAPE 7: La promotion
Le film annonce: raconter la totalité du film en montrant toutes les scènes intéressantes. Le spectateur est un idiot, il croira que tu n’oserais pas tout lui donner dans un film annonce d’une minute trente. Alors que si. Il viendra quand même voir le film, et il sera dégoûté en sortant puisque le film annonce aurait suffi, mais ce sera trop tard, il aura déjà payé sa place.

L’affiche: Faut qu’elle soit dans les tons de marron beige, avec des effets métalliques. Il faut que tous les personnages principaux soient dessus et qu’ils aient l’air grave et sexy. Et derrière, on peut rajouter des squelettes. Brrrr.

La pub: Faire en sorte que les photos de tes deux acteurs principaux en train de s’adonner à la gaudriole sortent maintenant.

RESULTAT FINAL:



Hein que je l’ai réussie ma reconversion? 
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lundi 25 juillet 2011

Garde à vous

Cher Colonel Reyel,

J'ai fait ta connaissance il y a peu. J'avais passé la nuit à faire la fête, j'avais bu du rhum plus que de raison, et j'avais montré ma culotte au type qui ramasse les poubelles. Une bonne soirée en somme. Sauf que qui dit bonne soirée, dit réveil un peu douloureux. Je sais pas toi, mais moi quand j'ai mal aux cheveux, je me soigne à grands coups de café noir et de clips sur W9. C'est là que je t'ai rencontré pour la première fois. C'était dans le clip de "Celui".


Et bien, laisse moi te dire une bonne chose. Tu n'es vraiment pas efficace pour soigner la gueule de bois. Je ne sais pas ce qui m'a fait le plus mal: le scénario sirupeux de la vidéo, ta voix de robot pour faire tout comme les black eyed peas, ou les paroles. Sache, mon petit Colonel, que si un jour tu me demandes de te laisser être celui qui partage ma vie, je te répondrais que je te laisserai plutôt être celui qui partage mon poing dans ta gueule. Ouais je sais, c'est rude, mais dans le monde, jeune freluquet, il n'y a pas que le sexe qui prime, comme tu le dis si bien. Il y a aussi la violence. 

Voilà donc comment s'est passée notre première rencontre. Je t'ai écouté jusqu'au bout. 3 minutes 21 durant lesquelles j'ai eu l'impression que faisait infuser mon bulbe rachidien dans du plomb en fusion. Puis ça s'est arrêté là. Je me suis dit qu'on était pas faits l'un pour l'autre et qu'on ne se recroiserait plus que dans les pubs pour les sonneries de portable. 

Mais tout ça, c'était sans compter mon entourage parsemé d'enfants de moins de 10 ans. Je sais pas comment tu fais ton compte, mais même dans les familles les plus attentives, chez ceux qui dépensent une énergie folle à préserver leur progéniture de la soupe mainstream qu'on leur sert, tu arrives à te faufiler insidieusement. Et voilà que même les minots qui se disent habituellement fan des Raconteurs et qui passent leurs vacances à écumer les concerts de Jazz se mettent à fredonner un texte dans lequel tu dis que tu partagerais bien ta vie avec moi, et que au pire, vu que j'ai déjà un type, tu te contenteras d'un petit coup d'un soir, parce que t'es trop fleur bleue et que tu m'aimes parce que je suis sensuelle et coquine (et que mon string dépasse de mon jean) . Belle image de ce que c'est que l'amour, le respect, la fidélité. Bon, je suis gentille, je t'accorde le bénéfice du doute... nous ne sommes peut être pas de la même génération... oh... wait... ta page wikipédia m'annonce que tu as trois mois de plus que moi... Aurais-je raté quelque chose? Par contre, faudra que tu me donnes ta technique: si les gosses pouvaient retenir leurs tables de multiplication aussi facilement qu'ils retiennent les affligeantes paroles de tes chansons, se serait au moins ça de gagné. 

Puis un beau jour, je suis tombée (encore une histoire de gueule de bois) (ouais je sais j'en ai souvent) (c'est pas ma faute, c'est celle à la société) (et puis merde, de quoi tu te mêles, on est pas là pour parler de moi) sur le clip de Aurélie. Et alors là, j'en ai ravalé mon vomi. 


Si j'ai bien compris, Aurélie, c'est l'histoire d'une minette à peine pubère, qui se fait sauter SANS CONTRACEPTION dans une twingo, par un type plus vieux qu'elle connait "depuis peu" (45 minutes?). Evidemment elle tombe en cloque. Evidemment, elle décide de le garder, et évidemment le père "qui a réussi son ace comme Tsonga" n'en veut pas. Evidemment, ses parents l'abandonnent, et elle se retrouve, enceinte jusqu'au yeux, à faire la vaisselle dans un restaurant pour gagner sa croûte. Puis, comme nous vivons dans un monde merveilleux, à la fin de la vidéo, une fois qu'elle a mis bas, tout le monde se retrouve chez elle, et tout le mode se fait des câlins.

Moralités ce cette histoire:
- Les préservatifs? La pilule? L'anneau? L'implant? Les cours d'éducation sexuelle? Les MST? Le dépistage? Mais pourquoi faire?
- Le bon gars, c'est celui qui te fera perdre ta virginité dans sa Twingo. Sur le parking du Leclerc. Avant, il t'aura offert des Pringles, pour te montrer qu'il te kiffe. Après il te dira qu'il faut qu'il file parce qu'il a oublié qu'il avait un poney qui a piscine sur le feu. C'est ça, l'amour en 2011.
- A 16 ans, tu es prête à être maman. Peu importe que tes parents te disent que c'est pas une bonne idée. Pas grave si tu dois arrêter l'école pour pouvoir te mettre à gagner ta croute. C'est pas important si le géniteur décide de pas assumer. L'essentiel, c'est que tu donnes la vie, parce que c'est bien. 
- Avorter, c'est être contre la vie. Ouais, toi même tu sais.
- De toute façon, c'est pas grave si Aurélie elle en chie un peu. Parce que dans le clip, à la fin, tout le monde revient se faire des bisous et des gouzis gouzis au bébénou. Les jeunes mères célibataires qui plaquent l'école pour élever seules leurs enfants et qui passeront leur vie dans la précarité et l'isolement, à enchainer les petits boulots avilissants, à dépendre des aides sociales parce que c'est pas avec leur petit smic qu'elles arriveront à subvenir aux besoins de leur famille, c'est une légende urbaine. Alors pourquoi attendre d'avoir pu faire des études, trouver un emploi dans lequel on est bien, d'avoir une situation un peu stable, d'avoir un peu profité de ce que la jeunesse peut apporter et surtout d'être avec une personne qui partage les mêmes envies de procréation que toi pour faire un enfant? Pourquoi s'emmerder à réunir autant de conditions favorables à l'épanouissement et au bonheur du papa, de la maman et du bébé, alors qu'il suffit d'une twingo, d'un tanga, et de ne pas savoir épeler le mot préservatif pour pondre un chiard? 

C'est tout à fait le genre d'idées que j'ai envie de mettre dans la tête d'un enfant de dix ans. Grace à Aurélie et à toi, Colonel, je sais maintenant que le Dancehall, en plus d'être douloureux pour mes oreilles peut être carrément dangereux pour la santé publique. Surtout quand on voit avec quelle facilité tes idioties se faufilent dans l'esprit des plus innocentes des créatures. 

Tout ça pour te dire, Colonel de pacotille (je donnerais cher pour te voir te tortiller dans la boue avec tes lunettes qui doivent couter le prix de mon loyer et ta chemise équivalente à tous les frais occasionnés par la grossesse d'Aurélie), que tout le mal que je te souhaite, c'est de devenir papa, et que dans 16ans, la chair de ta chair t'annonce qu'après s'être faite sauter dans les chiottes d'une boite de nuit par un sombre inconnu, non seulement elle a attrapé la chtouille, mais qu'en plus, elle décide de garder le bébé qu'elle attends, et que pour cette raison qu'elle décidera d'arrêter l'école et donc de ruiner tes plans pour en faire la gestionnaire de l'immense fortune que tu auras accumulé en hurlant de la merde à la radio. Ou alors, que Kelly, la petite blonde que tu avais sauté entre deux tentes quechua lors de tes vacances au camping de Palavas les flots attende que tu deviennes VRAIMENT connu pour t'appeler afin de te présenter Dylan, l'enfant qu'elle a eu dans ton dos. 

Je ne te dis pas à bientôt, je sais que d'ici peu tu auras 27ans, et tu sais ce qui arrives aux stars de la musique subversives quand elles arrivent à cet âge là.

Bisou

Almira
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lundi 4 juillet 2011

si c'était à refaire...

... je suis pas certaine de faire tout pareil. D'autant que la vie, taquine, aime bien te réserver quelques surprises de derrière les fagots. Du coup, tu oscilles entre décisions mûrement réfléchies et prises totalement à l'arrache, prévisions du long termes et mises au pied du mur, imprévus et impondérables. 

Si seulement tu avais su à quoi t'attendre... tu n'aurais peut être pas fait les mêmes choix. Moi en tout cas c'est sûr. Enfin, surtout si à l'âge de douze ans j'avais pu recevoir ce genre de courrier:

oh! d'la balle! j'ai reçu du courrier! 


Chère jeune Almira du passé,

Je ne te demande pas comment ça va, je m'en rappelle très bien. L'adolescence, et la tienne en particulier, ce n'est pas une partie de plaisir.
Mais rassure toi, ça ne dure qu'un temps. Bientôt, tu en auras fini de tes bagues, de ton faux palais et de tes élastique. On te dira même que tu as un beau sourire et de belles dents. T'en auras pas passé des années à expliquer à tes ratiches qu'il fallait qu'elles arrêtent de jouer au twister pour rien. Ton acné aussi finira par se carapater. Si, je te jure. Par contre, pour de vrai, si tu pouvais arrêter de passer des heures à éclater tes points noirs blancs et rouge devant le miroir, ça m'éviterait d'avoir autant de cicatrices disgracieuses sur la face. Sérieusement. Arrête.  
Par contre, arrête de frotter tes seins somme une frénétique en espérant ainsi provoquer une crise de croissance par l'activation de la circulation sanguine. Ca fait mal et c'est inutile. Ta poitrine restera définitivement atrophiée. Rien à faire. Tu apprendras avec le temps à vivre avec tes tous petits nichons, et même tu les aimera plutôt bien. Ils te permettront de mettre des décolletés de chagasse sans pour autant avoir trop l'air d'une fille de joie. Mais tu n'en es pas encore là, profite encore un peu de ton sweat à capuche Waikiki. 
Je sais que la question te taraude, tu as l'impression que tes pieds poussent à vue d'oeil. Je te jure qu'ils s'arrêteront un jour. Au 40. Par contre, ils garderont cette forme patatoide disgracieuse. Autant te dire tout de suite, tu ne pourras jamais porter de repetto... Ouais, je comprends bien que tu te demande pourquoi ça à l'air de me troubler autant de ne pas pouvoir porter des ballerines, alors que c'est juste le comble de la ringardise. Pourquoi pas porter des robes tant qu'on y est? T'occupe jeune padawan, un jour tu comprendras. 
Ah et autre chose. Arrête de t'angoisser sur ta vie sentimentale. Arrête de baver sur Mélissa et tous les garçons qui lui courent après, pendant que toi tu te prends des râteaux à la pelle (si je puis dire). Certes, aucun garçon ne veut mettre sa langue sale dans ta bouche... Alors que Mélissa a droit à des déclarations jusque sur les murs des WC du collège. Tu n'as pas à la jalouser. Si Mélissa a autant de succès, c'est qu'elle montre ses seins pour une Malboro light. Je te raconte même pas ce qu'elle fait pour un paquet de 10... Sache qu'à l'heure d'aujourd'hui, elle est mère de huit enfants, de huit pères différents, elle a pris 25 kilos, et elle est caissière au Lidl. Il paraîtrait même qu'elle soit un tantinet alcoolique. Crois moi, tu ne veux pas finir comme ça... Alors écoute mon conseil: laisse les garçons venir à toi, quand se sera le bon moment. Ne te leurre pas, entre ton corps qui pousse n'importe comment et ta tendance à te tenir comme un sac, tu ressembles à une guenon. Mais ça changera. Tu n'auras jamais de horde de garçons qui te courra après. Tu feras jamais dans la quantité, mais par contre tu taperas dans la haute qualité. Pour l'instant, tu dois te consacrer sur l'essentiel: la préparation de ton avenir. Oui, dès maintenant. Oui, même si c'est un truc de vieux. Comment? Suis mes conseils:

- arrache moi tout de suite ce poster des 2 be 3 qui trône fièrement au dessus de ton lit. Tu me remercieras. Et plutôt que d'écouter en boucle les Worlds Appart, tu devrais aller fouiller dans la discothèque de Papa. Crois moi, ça t'évitera de passer pour une grosse nouille quand ton mec te parlera de Jacno et que toi tu lui diras "je sais pas c'est qui lui", et qu'il te regardera, consterné. Ouais, avoir une culture musicale pointue, ça te permettra de briller en société. 

- arrête de t'abrutir le cerveau avec des séries débiles AB production. Regarde Twin Peaks. Ca t'évitera de passer pour la nouille qui en 2011 ne sait même pas qui est Laura Palmer. 

- laisse tomber de suite la danse. T'es raide comme un manche à balais. Essayer de te mouvoir en rythme, c'est insulter ceux qui te regardent. Tu ne seras jamais gracieuse. Par contre tu seras marrante (pour compenser ton pachydermisme). Alors mets toi au théâtre. Ou au dessin. 

- écoute Monsieur Vilminot, ton prof de français. Quand il te dit que tu pourras faire quelque chose de toi si seulement tu arrêtais de baver sur les alpha girls du dernier rang qui passent leurs cours de français à sniffer de l'eau écarlate. Oui ma cocotte, sniffer de l'eau écarlate, c'est pas ce qui t'apportera un avenir. Arrête de te dire que c'est super cool. Ce qui est super cool, c'est de collectionner les 19 / 20 en rédaction. Et aussi, quand Jennifer (la meilleure copine de Mélissa) te proposera d'écrire sa rédac à sa place en échange de... de rien d'ailleurs, refuse. De toute façons, tu te fera chopper (Jennifer ne sait même pas orthographier ton nom), tu seras collée, et Jennifer continuera à te mépriser, jusqu'à ce qu'elle soit expulsée du collège à force de refiler ses mycoses vaginales à tous les troisièmes.

- n'écoute pas ta prof de maths quand elle te dit que tu n'es qu'une bonne à rien. Pas la peine de te mettre dans tous tes états et de perdre totalement confiance en toi parce qu'elle t'a dit que tes capacités de réfléxions étaient limitées. C'est juste une connasse. La réalité c'est que ton cerveau n'est pas mûr pour les chiffres. Et tu as peut être 2 de moyenne en maths, mais tu as entre 14 et 17 en français, anglais, arts plastiques, histoire géo. Et si ça peut te rassurer, un jour tu sauras faire de la compta. Concentre toi sur ce que tu fais bien, et arrête de chouiner sur ce que tu fais mal, tu perds ton temps. 

- Assume tes goûts vestimentaires. La doudoune  argent et les kickers orange, ok, on te jette des cailloux quand tu arrives au collège. Aujourd'hui aussi, il y a des endroits ou on te dit que le carnaval c'est pas encore. Tu t'en fiches, tu comprendras bien assez tôt que tout ça c'est la jalousie de tous ses gens qui n'ont tellement pas d'imagination qu'ils se sentent obligés de s'habiller comme leur voisin. 

- Révise ton bac

- Ne va pas à la fac juste pour faire la fête. Vas y pour bosser et trouver un travail. Ne crois pas ceux qui te diront qu'une formation de sociologie des gastéropodes en milieux humide ça te permet forcément de trouver un emploi de cadre très très bien rémunéré avec voiture de fonction.

- Ne renonce pas à tes rêves pour une histoire de thunes et de confiance en toi. C'est une précaire de 2011 qui te le dit.

- Et surtout, FAIS LE MUR POUR ALLER CLANDESTINEMENT AU CONCERT DE RADIOHEAD EN 2001 AU LIEU DE RESTER CHEZ TOI PAR PEUR DE TE FAIRE PUNIR PAR TA MÈRE. Sinon, tu le regretteras. 

Voilà, c'est à peu près tout.

Bisou

Almira de 2011. 



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jeudi 30 juin 2011

Lettre à David

hé! c'est pas parce que t'es un mec important que c'est la fête au geste sale, non mais ho!




Mon cher David Douillet,


Je tenais à t’adresser une virile poignée de main, afin de te féliciter de ton nouveau boulot. Secrétaire d’état chargé des français à l’étranger, c’est une chouette promotion. En plus je suis sure qu’en plus d’une chouette voiture de fonction, de tickets restau, on mange super bien à la cantine de l’Elysée.

Certaines mauvaises langues diront que tu n’a pas ta place dans un ministère, et encore moins dans celui des affaires étrangères. Pourquoi ne pas nommer Loana à la culture tant qu’on y est ? Ne les écoute pas, ce ne sont que des mauvaises langues, c’est leur jalousie qui parle. Il est vrai qu’il y a de quoi être admiratif : tu as trouvé la clef du succès. Il y en a qui, pour pouvoir faire une carrière dans la politique, se forment à peine le bac en poche, voire même avant, à des trucs comme les sciences politiques, le droit ou l’économie, s’investissent dans la vie politique de leur quartier, de leur ville, de leur département. Ceux là passent des années à distribuer des tracts, à coller des affiches, à réfléchir sur la société et comment améliorer son fonctionnement, à proposer des idées, à faire des campagnes, à convaincre les citoyens à coup d’idées et de propositions. Toi à la place tu as fait du judo. C’est un noble sport le judo. Avec de belles valeurs. C’est un choix : toi, pour faire ton trou en politique, tu as décidé de collectionner les ceintures de toutes les couleurs (et permet moi de te le dire, le noir, c’est celle qui te va le mieux, ça te mincit) et les médailles olympiques. Moi je trouve ça logique que tu sois devenu commentateur sportif sur canal et député UMP. Regarde moi, je me suis bien retrouvée vendeuse dans une boutique de souvenirs après avoir eu un master de sociologie.

Sincèrement, je suis contente pour toi. Et je ne dois pas être la seule, puisque tout le monde t’aime. C’est vrai que c’est drôlement gentil de s’occuper des pièces jaunes avec Bernadette Chirac. C’est vraiment très très altruiste de ta part de t’être occupé de ramasser des kilos et des kilos de pièces jaunes pour les enfants hospitalisés dans un TGV rutilant. Et ce même s’il y a encore des mauvaises langues pour dire que les frais de fonctionnement de l’opération sont trop élevés pour être honnêtes. Encore des langues de vipères. C’est fou ce que ça peut faire comme dégâts la jalousie. On a même prétendu que tu t ‘étais fait arrêter pour excès de vitesse au volant de la Porsche Cayenne des pièces jaunes… Non mais je te jure. Moi je dis que tu n’as pas volé ta place de personnalité préférée des français. Avec ta silhouette débonnaire et ton sourire gentil, tu es au moins aussi sympathique que l’abbé Pierre. Sauf que toi, au moins, tu as le sens des affaires : tu sponsorises l’équipe de judo que tu as sélectionnée pour aller à Pékin et en plus tu leur fournis leurs kimono pendant que ton épouse fait leur com. Bien joué !

Moi ce que j’aime le plus chez toi, c’est ton côté artiste visionnaire. Comme tout bon sportif voulant se reconvertir, tu t’es l’espace d’un instant posé la question de la reconversion dans le milieu artistique. Dieu merci, tu n’as pas sorti de single. Par contre tu as écrit un livre, en 1998. C’est une autobiographie à 4€70 sur amazon. Laisse moi te dire que tu as une belle plume. «Pour moi, une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline, ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant.» «C'est la mère qui a dans ses gènes, dans son instinct, cette faculté originelle d'élever les enfants. Si Dieu a donné le don de procréation aux femmes, ce n'est pas par hasard.» «De fait, cette femme-là, quand elle a une activité professionnelle externe, pour des raisons de choix ou de nécessité, elle ne peut plus jouer ce rôle d'accompagnement essentiel. (…) Je considère que ce noyau est déstructuré. Les fondements sur lesquels était bâtie l'humanité, l'éducation en particulier, sont en partie ébranlés.» «Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer, à gérer affectivement la cellule familiale, quel que soit d'ailleurs le niveau social concerné. (…) J'ai une authentique admiration pour les femmes qui vouent leur vie aux leurs.» C’est beau et moderne. J’aime ton regard visionnaire et progressiste, et je remercie au passage Dieu de m’avoir donné la possibilité de subir une épisiotomie en songeant au rôti de porc que je pourrais préparer à mon cher et tendre une fois que j’aurais repassé toutes ses chemises. Là encore tu savais que tu allais t’attirer les foudres de tous les serpents qui en ont après ton intégrité. C’est pour ça que tu as bien fait d’ajouter «On dit que je suis misogyne. Mais tous les hommes le sont. Sauf les tapettes!» Pan dans les dents. Je ne te demanderais pas ton opinion sur la légalisation du mariage gay, je crois pouvoir la deviner…

Quoi qu’il en soit, je t’adresse encore une fois toutes mes félicitations, et je te souhaite tous les succès politiques et réussites inimaginaux.

Je te serrerai bien la main, mais n’étant pas misogyne, j’ai un peu peur que tu m’éclates les phalanges.
Bisou
Almira



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mardi 28 juin 2011

Aide toi, et ton cul t'aidera

qu'est ce qu'on ferait pas pour les beaux yeux de son cul...

Il y a quelques semaines, j'ai eu une conversation avec mon cul.

Ca donnait à peu prêt ceci:

- hé Almira! Almira!

- Oui? qui me parle? 

- Fais faire un quart de tour vers l'arrière à ta tête, et baisse-la un peu... là... voilà. C'est moi, ton cul.

- Mais tu parles? (ouais moi aussi au début j'ai trouvé ça assez décontenançant d'avoir le popotin doté de parole. Mais finalement, étant donné que ma bouche ne sort que de la merde, pourquoi pas après tout...)

- Oui je parle. Sauf que comme la plupart du temps t'es assise sur moi, j'ai un peu du mal à m'exprimer vois tu!

- Certes, certes... Qu'est ce qui t'arrive, Cucul? (C'était ça ou Trouduc, ce qui aurait été nettement moins affectueux)

- Je me sens mal dans ma peau. Regarde, je suis tout flasque. Je ressemble à un flamby. C'est minable, je me déteste.

- Oh mais non, faut pas dire ça Cucul, je t'aime bien tel que tu es! Tu es très confortable et moelleux, ce qui est notamment bien pratique quand je fais du vélo ou que je dois m'asseoir sur des bancs en pierre. Je t'aime Cucul. 

- Tatata Almira. Moi ça ne me convient pas. Je veux pas être moelleux. Je veux être ferme et tonique. Je veux pouvoir casser des noix de coco. Je veux être comme le cul de Jean Claude Van Dame 

- Des noix de coco? Des petites noisettes à la rigueur, mais des noix de coco, quand même...

- Oui bon on s'en fout Almira. C'est sérieux ce que je te dis. Tu m'a rendu flasque. Et je t'en veux pour ça. 

- Oh de suite, c'est de ma faute, c'est un peu facile ça...

- Ah ouais? Rappelle moi ce que tu as mangé hier? 

- Ah bah, les restes d'une Pizza 4 fromages qui trainaient dans le frigo, des spéculoos, des linguine au pesto et au gruyère, du fromage de chèvre, des chips, des olives, du pain, du nutella, des bichocos, des anchois, des petits suisses, du chocolat noir, du jambon, des...

- Ca va, ça va on a saisi! Et t'as bu quoi?

- Du coca et de la Bière.

- Donc c'est ta faute. Faut que tu répares ça.

- Ou sinon?

- Je me mettrai à la trompette. Aux moments les plus incongrus. 

Voilà comment mon cul m'a convaincu de me reprendre en main. En même temps, faut dire qu'il n'avait pas tort. Lorsque je tâte mon grand fessier, je m'enfonce deux phalanges dans une sorte de matière spongieuse pas vraiment esthétique. J'ai donc décidé de me reprendre en mains.

Comme il est absolument hors de question que je change mon alimentation absolument irréprochable, j'ai fais le choix de me remettre au sport. Je le redis: AU SPORT. Imagine un peu Martine Aubry en cuissardes sur un char LGBT un peu olé olé à la gaypride, et tu conprendra combien il est incongru d'associer le concept de sport au concept d'Almira. Mais il faut ce qu'il faut. C'est ça ou mon cul prendra son indépendence et s'exprimera en public en se passant de ma permition. Le chantage ça te conduit aux pires des extrémités. 

Je suis donc allée à la salle de sport. Pour faire ça:


Non, je déconne, parce que moi, c'est pas quand je fais du sport que j'ai une tête de chaudière, c'est quand je récure mon four et que je m'épile la moustache.

Je suis allée à la salle de sport, transpirer d'endroits étranges (la gorge et le dessus des cuisses) et gênants (la raie des fesses. Que celui qui ne transpire jamais du cul me jette la première pierre). Je suis allée à la salle de sport rendre ma figure toute rouge et souffler comme un boeuf.

Pour le moment, Cucul n'est pas moins spongieux, rapport que l'été reste la saison idéale pour les Haagen Dazs aux noix de macadamia, mais au moins, il est tellement courbaturé qu'il ferme sa gueule. 
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jeudi 23 juin 2011

Le mal du siècle

Le mal du siècle, c'est le travail. 

Le travail, c'est de la publicité mensongère dont on te remplit le crâne dès ta plus tendre enfance.

A quatre ans déjà, on te demande ce que tu voudras faire quand tu seras plus grand. Tu es ambitieux, tu répond "femme de ménage" (on vient de t'offrir ça ) (note pour plus tard: si un jour je me reproduis et que tu offres ça à mon enfant, je t'éviscère et je me fais une écharpe avec ton intestin grêle, qu'importe si c'est l'intention qui compte), ou "éboueur" (parce que tu trouves que d'être debout à l'arrière d'un camion qui sent la vielle poubelle, c'est quand même le truc le plus cool du monde). 

A l'école, on te dira qu'il faut que tu travailles bien. Que tu fasses de longues études. Que tu fasses très attention à ton orientation. Pour pouvoir trouver un bon job et gagner correctement ta vie. Du coup, docile, confiant, tu vas à la fac. Ou tu fais une école. Qu'importe, au final, le résultat sera le même.

C'est pas facile, mais tu sais que le sacrifice vaut la chandelle. Tu as choisi une voie qui te plaît. Tu sais que les sacrifices (financiers pour la plupart) (tu n'auras jamais autant bouffé de noodles de ta vie, mais à 60 cts le repas, qui dit mieux?). D'autant que tout au long de ton parcours, tu rencontreras des intervenants, sortis de ta formation, qui te raconteront comment ils ont trouvé un job les doigts dans le nez et une plume dans le cul sitôt le diplôme en poche. Et qu'en plus ils se font construire une villa ur la côte d'azur tellement ils sont bien rémunérés. Tout ça te met tellement de confiance en toi que tu ne réalises même pas qu'il s'agit d' acteurs qui étaient en manque d'heures pour pouvoir garder leur statut d'intermittents et qui ont dû accepter à contre coeur. 

Tu fais des stages, ou, au choix, tu feras les missions d'un salarié qualifié qu'ils n'ont absolument pas envie d'engager, à moins que tu te contente de missions de larbinage. Dans le premier cas, tu auras au moins la chance d'apprendre deux - trois trucs (ce qui reste tout de même le principe du stage, en plus de permettre à des employeurs altruistes d'avoir de la main d'oeuvre qualifié au prix d'un sans-papier chinois). Dans les deux cas, tu penses, souvent à tort, que ça va t'ouvrir des portes, déboucher sur un contrat de travail, te permettre de te créer un réseau. Effectivement, tu n'auras aucun mal à trouver d'autres stages. Toujours pour gagner en un mois de dur labeur ce qu'un courtier en bourse gagne en 15 minutes. Au mieux, tu pourras prétendre à un CDD. Mais quand il s'agira de parler contrat durable et salaire normal, ton employeur te dira qu'il a un poney sur le feu qu'il doit emmener son lait à la piscine avant de se carapater. 

Au final, tu seras diplômé. C'est pas bien difficile d'avoir un diplôme. Suffit de s'accrocher un peu, et d'éviter d'aller en partiels avec la gueule de bois. Mais tout de même, tu seras fier comme un pape. Tu te feras un joli CV, et là, ce sera le début de la fin.

Tu commenceras par t'inscrire au pôle emploi, tu sais "l'acteur majeur du retour à l'emploi". Majeur, c'est d'ailleurs le doigt que j'ai envie de leur montrer tellement ils sont passés maîtres dans le sapage de moral et le cassage de jeunes diplômés. Tu auras un rendez vous ou un conseiller ne pourras se retenir de rire quand tu lui donnera l'intitulé de ton diplôme. Puis tu en auras un autre ou un autre conseiller (on va pas non plus t'attribuer un conseiller, ça va pas non!) t'apprendras pendant une matinée entière à utiliser le site internet du pôle emploi. Parallèlement à ça, tu commencera à postuler. Aux télécandidatures. Pour faire vite, tu répondras à une annonce, sans savoir qui l'a émise. Tu n'auras aucun moyen de savoir chez qui tu postules, ce qui est très pratique pour faire une lettre de motivation personnalisée et pertinente. En même temps, la télécandidature, c'est un peu comme sur twitter: tu as 140 caractères pour convaincre. Après c'est mort. Bon en même temps, ta réponse à l'annonce n'arrivera jamais jusqu'à l'employeur, vu que c'est un employé de l'agence nationale pour l'emploi qui la traitera. Un employé qui autant ne comprendra même pas ce que signifie l'intitulé du poste. Il se contentera de chercher un employé triangulaire et t'enverra un SMS laconique pour te dire qu'étant donné que tu es un candidat octogonal, tu n'auras pas la chance de pouvoir entrer en contact avec le recruteur. Et il en sera ainsi plusieurs fois par semaine pendant de longues semaines. 

Du coup, à un moment donné, le manque d'argent se fera ressentir. Et au delà du manque d'argent, l'envie de faire tes preuves, de plonger la tête première dans le monde du travail te démangera sévèrement. Du coup, tu reverras tes ambitions à la baisse. Et par ambition, j'entends juste que tu veux accéder aux missions que tu as appris à exécuté et gagner ta vie avec ça. Rien de bien extravagant en théorie. Sauf qu'évidemment, des emplois comme ça, il n'en existe pas, à part dans tes rêves. Donc tu viseras plus bas, en te disant que tout vaut mieux qu'un trou dans un CV. Puis tu es entourée de gens, certes un peu plus âgés, qui te racontent comment ils sont rentrés par la petite porte pour gravir petit à petit les échelons et finalement atteindre leurs objectifs. Il n'y a pas de raisons que ça ne marche pas pour toi aussi, alors tu occultes le fait que les temps ont changé. Et puis tu n'as pas peur de te retrousser les manches et d'aller au turbin. Alors tu acceptes un petit boulot, en dessous de tes compétences et très mal payé. Mais tu es motivée, tu as envie de montrer ce que tu vaux. Tu veux t'impliquer. La persévérance, l'implication, les bonnes initiatives sont la clefs du succès.

Enfin, dans une monde parfait.

Dans la vraie vie, tu acceptes un petit job précaire, en pensant naïvement que tu pourras évoluer à la force du poignet. Alors tu acceptes les plus minables des missions. Les plus pourris des emplois du temps. Tu travailles sur ton temps libre. Tu proposes des idées. Et secrètement, au fond de toi, tu attends de la reconnaissances. Tu attends qu'on te dise que tu fais du bon boulot. Qu'on apprécie ce que tu fais. Ou qu'il faut que tu arrêtes d'espérer un truc qui n'arrivera pas. Sauf qu'évidement rien de tout cela ne se produit. Tu acceptes les tâches les plus ingrates, pensant que ça prouvera ton envie de bosser. Au final, tu auras juste prouvé que tu n'es qu'une chèvre docile qui dit oui à tout. Tu acceptes les plus mal payés et les plus précaires des contrats, pour prouver ta souplesse et ton adaptabilité. Alors que pour ton employeur, ça signifie juste que tu es corvéable à merci et qu'on peut donc faire de toi à peu près n'importe quoi, et que tu continueras à avancer comme une bonne bête de trait. Tu te consoleras en te disant que c'est provisoire, que tu finiras bien par trouver autre chose. Sauf qu'en parallèle,  évidemment rien ne se présente. Alors tu as de moins en moins envie de chercher. Et tu commences à te contenter  de ton job précaire. Et au final tu commences à te dire qu'il est peut être là ton avenir. Alors tu baisses les bras. Un peu. 

Et puis un beau jour, ton employeur, pour te remercier de tes bon et loyaux services, t'enverra le coup de grâce, en supprimant le poste qu'elle t'avait attribué deux mois avant et t'en donner un nouveau. Pire que tous les précédents. Sur le coup tu acceptes. 

Puis tu réfléchis.

T'es jeune. Compétente. Tu as envie de travailler. Tu as envie de t'investir. Tu n'as pas de temps à perdre dans une boite pour qui tu n'es rien qu'une petite chose interchangeable. Tu réalises que tu n'as pas le temps à perdre à te rendre tous les jours dans un boulot qui en plus de ne pas te permettre de vivre décement, te provoque des angoisses. 

Alors c'est pour ça qu'alors que le monde du travail est aussi accueillant qu'un champs d'orties,, j'ai décidé de quitter mon job afin de profiter des largesses de l'état. Les deux majeurs tendus. 



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mardi 21 juin 2011

Eloge de la connasse

Contrairement aux apparences, je suis une fille gentille. 

Je suis polie. Je dis s'il te plaît. Je dis merci. Je dis bonjour à la dame. Je rend service quand je peux. Je reste au téléphone avec toi quand tu pleures parce que ta copine t'a trompé avec ta maman. J'arrose ton chat et je nourris tes plantes pendant que tu es en vacances. Je te prête mon exemplaire dédicacé de Raisons et sentiments. Je t'ai filé un tampon quand ton nez s'est mis à saigner. Je tiens tes cheveux pendant que tu vomis sur mes chaussures. Je t'ai soutenu quand tu as perdu le chargeur de ton téléphone. Je suis allée t'acheter des rustines pour ton vélo quand tu as crevé. Je dis "c'est pas grave" quand tu décommandes au dernier moment parce que ton Plan Cul Régulier t'as envoyé un SMS alors que j'avais passé l'après midi à te cuisiner un soufflé au jambon. Quand tu m'as dit que quand même, mes blagues étaient drôlement pourries, j'ai investi dans un recueil de blagues carambar. Quand tu me demandes de te rappeler alors que je suis moi même en hors forfait depuis 24 jours, j'accepte. 

Au travail j'arrive avec un quart d'heure d'avance. Je dis "oh ça va t'inquiète" quand tu arrives avec 20 minutes de retard à ta pause et que ça raccourcit d'autant la mienne. Je fais des heures sup' qui ne seront ni payées, ni rattrapées. Je souris poliment quand tu me dis que je fais pas un bon travail, que je fais des erreurs alors qu'en fait c'est toi qui a fait une connerie. Je dis toujours d'accord quand tu me propose de faire des trucs chiants dont tu veux te débarrasser, pas du tout dans mes missions initiales. Je reste stoïque et souriante face au client qui me hurle dessus que je suis une incompétente parce qu'on a pas accepté son règlement en pesos. J'ai ravalé ma fierté quand tu m'as annoncé que mon poste était supprimé mais que c'était pas grave parce qu'à la place tu m'as donné un autre travail. Certes un travail éminemment chiant, profondément inintéressant, sans le moindre intérêt, ou l'usage du cerveau n'est pas requis voire même carrément déconseillé, mais un travail quand même. Quand tu m'as demandé si ça me convenait, j'ai dit "oh ben oui, ça va aller hein". Quand tu m'as dit que j'étais une petite veinarde, j'ai acquiescé. C'est vrai ça, ça aurait pu être pire, on aurait pu me proposer de m'enfoncer des tournevis dans les narines, et ce de manière non rémunérée. Quand je vais à un entretien d'embauche et que tu ne me donnes aucune nouvelle, je dis rien. Quand enfin tu m'appelleras pour me dire que je suis pas prise, je dirais "tant pis, ça ira, ne vous inquiétez pas". 

Tout ça parce que je suis gentille. Je veux pas déranger. Quand je marche dans une crotte de chien, je lui demande pardon. Quand on me marche sur le pied, je demande à l'autre, confuse, s'il s'est fait mal au talon. Quand on me passe devant à la caisse du Carrefour City, je demande au type qui m'a doublé s'il a besoin que je lui porte ses sacs. C'est ce que font les filles gentilles: on les passe au hachoir et elles disent merci. Parce qu'il faut rester polie, douce et mignonne en toute circonstance. S'écraser, ne pas déranger, ne pas se faire remarquer. Parce qu'il faut être gentille. C'est mieux. Comme ça les gens m'aimeront plus, me respecteront plus. En voilà de belles valeurs à inculquer à un enfant s'il veut devenir une petite chose soumise qui s'exprime dès qu'elle est seule mais qui face aux personnes concernées s'écrase, option vielle carpette.

On m'a dit que la vie ouvrait ses bras aux filles gentilles. C'est faux. L'avenir appartient aux connasses.

tu crois que j'ai été invitée au mariage de Will et Kate en distribuant des Cupcakes?
La connasse, quand elle veut te dire merde, elle rajoutte "putain d'enculé". C'est pour que tu comprennes bien.

La connasse, quand elle est pas d'accord, elle te toise, te jette un regard plein de mépris, et te dis "non je suis pas d'accord. On va faire comme moi j'ai décidé". Et si à toi sa te conviens pas, elle te fera un grand sourire et te dira que c'est elle qui décide, et que si t'es pas d'accord t'as qu'à partir à la pêche aux crevettes.

La connasse, quand tu lui exprime ton refus, elle a plusieurs solutions de repli. Soit elle se drape dans sa fierté en partant la tête haute pour revenir à la charge dans les minutes qui suivent, jusqu'à ce que tu sois tellement saoulée que hésite entre accéder à sa demande ou la découper en tout petits morceaux. Soit elle t'annoncera sans sourciller que d'accord ou pas d'accord, elle n'en fera qu'à sa tête. Soit elle te fera croire que tout va bien, les yeux brillants et le sourire mielleux, pour te court-circuiter dès que tu auras le dos tourné.

La connasse, tu lui marches sur le pied, elle te met un uppercut.

La connasse, t'essaie d'abuser de sa gentillesse, elle s'assoit sur ta tête et te dis que si tu essaies de recommencer, elle t'épluchera comme une banane.

En fait, la connasse, elle en a rien à carrer que tu la trouve connasse. Elle a compris qu'on était en guerre, et elle a compris que ça servait à rien de se battre avec de la barbe à papa, des bulles de savons et des oeillades de faons. Elle y va à coup de coude, de pieds, de tête, de dents. Elle sait ou elle veut aller. Elle sait aussi que les places sont chères. Et s'il faut qu'elle écrase une caisse de chatons pour y arriver, elle sait ou sont ses priorités, et elle ira à coup de pioche. Et pendant se temps là, la fille gentilles distribuera des "excusez moi de vous déranger pour vous demander pardon" et restera à la traîne.

Au final, la fille gentille se retrouvera assise dans un coin, la tête entre ses genoux. En passant à côté d'elle, on penchera la tête sur le côté en prenant un air contrit. Mais on ne lui tendra pas la main. Quant à la connasse, elle grimpera la côte en filant des coups de coude à tout ceux qui se trouveront sur son passage. Et elle arrivera au sommet, toute seule comme une grande.

Je me demande si en décidant d'être une jeune biche aux abois, douce et mignonne, je me suis pas trompée de voie.

Si t'as un rab de caractère de salope égoïste, dis-le, je prends.

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lundi 20 juin 2011

Hollyday, just celabrate

Almira elle en fiche pas une.

Ne pas en ficher une, contrairement à ce qu'on pense, c'est très fatiguant.

Almira s'est retrouvée surmenée. Elle a commencé a se ronger les ongles, à se triturer les cheveux, à se gratter les poils incarnés. Un peu comme tous les jours, mais de manière plus intensive.

Almira n'est pas psy. D'ailleurs, elle ne sait pas trop ce qu'elle est. Toujours est il qu'elle a pu poser un diagnostic évident à son mal être abyssal.

Almira avait besoin de repos. Almira a donc pris quelques jours de vacances.

(si on parle du maillot de bain, non. Si on parle des boobs, non plus.)


C'est tout de même incroyable. Les vacances, c'est un peu le remède à tout. Le farniente, le soleil, le monoï,  le sable dans la raie des fesses, le sel qui pique les yeux, les pistaches, le chorizo tout mou qui suinte le gras, les fientes de mouettes. Ca te soigne n'importe quelle dépression. C'est à se demander pourquoi les gens travaillent.

Almira a donc fait son sac: dedans, elle a mis un short en jean, un débardeur fluo, un maillot de bains que quand elle lève les bras elle a les seins à l'air, de la graisse à traire, son vieux piercing au nombril, ses havaianas vertes et jaunes, ses lunettes de soleil, sa terracoté marron foncé. Evidemment, elle ne prendra pas de ciré, de parapluie, de chaussures fermées, de pull ou de châle. C'est pour cette raison précise qu'il pleuvra la moitié de ses vacances.

Almira va profiter de ses courtes vacances pour se cultiver: elle achète donc Closer, Public, Biba, Télé loisirs et le catalogue de la Redoute.

Almira va également profiter de ses courtes vacances pour se sculpter un corps de déesse. Elle est tellement remplie de bonne volonté que ça suinte par les pores de sa peau (d'orange). c'est pour ça que dans sa valise, elle glissera ses palmes et son masque. Et comme Almira a une volonté de fer, pour parfaire sa motivation, elle prévoit une petite récompense: elle part avec un saucisson, des chips à l'ancienne, de la terrine de sanglier et des pistaches. Faut pas déconner non plus, on sait tous très bien que après l'effort, le réconfort. Evidemment, pendant toute la durée de son séjour (et ceci est valable pour toutes les fois ou elle se motive pour faire le moindre effort physique), une conjonction extraordinaire d'évènements l'empêchera de mener son projet à bien. L'eau trop humide. Le vent qui lui met les cheveux dans les yeux. Le café du petit déjeuner un chouille trop fort, accélérant son rythme cardiaque au point ou tout effort physique devient dangereux. Le maillot de bain qui risque de lui provoquer d'affreuses marques. Le terrible doute de la date de péremption de la crème solaire. La griffure dans la palme gauche. La petite peau sur l'index qui risque de s'infecter au contact de l'eau, au point ou seule l'amputation reste envisageable. L'univers ne veut pas qu'Almira transpire, qu'elle ait la cuisse ferme et le ventre plat. Alors pour se consoler, Almira se jettera gouluement sur les victualles-récompense. Tant pis. Comme ça, elle aura des réserves pour l'hiver.

Les vacances, c'est aussi l'occasion de voir du pays, de visiter de nouveaux lieux, de découvrir de beaux endroits, et de chouettes traditions. Almira le sait, c'est pour ça qu'elle mettra des talons de 12 pour aller se perdre dans un champ de cactus, qu'elle se réveillera à 18h le dimanche pour aller au musée, qu'elle achètera de l'alcool local par cubis entiers, qu'elle se mettra à imiter l'accent du coin avec une classe indéniable. Almira achètera la PQR et se bidonnera sur la Une consacré au radio crochet ayant eu lieu la veille dans le village d'à côté, et ou Kelly Espinosa a gagné un panier garni et le droit de passer en direct sur Radio Playa suite à sa merveilleuse interprétation de my heart will go on de Céline Dion "qui a ému le jury aux larmes" selon le journaliste. 

Au final, les vacances d'Almira lui auront permis d'oublier quelques jours, à grand renfort de tapas, de monoï et de sel dans les cheveux qu'elle a le plus ingrats des boulots, un compte en banque plein à ras bord (si on occulte le petit trait devant la somme), et qu'elle enchaîne les entretiens d'embauche sans suite.

A l'heure qu'il est, Almira n'a pas défait son sac et a préparé une petite pancarte pour pouvoir repartir de suite.




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vendredi 10 juin 2011

la fille en colère

"j'me demande si j'aurais pas dû mettre une cravate moi"


Cet homme a mis la rage à l'intérieur de moi.

Non, en fait c'est pas tout à fait ça. La rage était déjà là. Cet homme lui a donné envie de sortir et d'éclater à coup de batte de base-ball tout ce qui bouge. Oui, je sais, c'est un peu violent, et la violence c'est moche dans la bouche d'une fille. Et bien tu crois pas si bien dire.

Au delà de ce qu'il c'est passé ou non dans cet hôtel, au delà du fait que les JT ressemblent à des épisodes de New York Police Judiciaire qu'on te fourrerait de force dans leur yeux jusqu'à ce qu'ils te sortent par les oreilles, et des réactions parfois étranges des politiques, ce qui m'a provoqué les plus grosses crises d'urticaire purulent c'est la découverte de ce scoop, sur lesquels les médias et les politiques se sont rués comme une meute de loups affamés sur un big mac: des fois être une fille c'est pas facile, parce que des fois, les garçons sa pense avec sa bite. 

Comment? Vous êtes sûrs? Sans déconner? 

Oui oui les gars, sans déconner. Domi n'a absolument rien inventé. C'est bien de médiatiser l'affaire, de faire en sorte qu'on en parle, de donner le courage à certaines d'enfin l'ouvrir, ou à d'autres de découvrir qu'elles sont filmées à l'insu de leur plein gré (coucou!). Mais il faut bien se rendre à l'évidence. L'histoire de Nafissatou Dialo (si effectivement elle a eu lieu, n'oublions pas la présomption d'innocence) n'est pas la première, et elle ne sera pas la dernière.

Les filles sont victimes de "harcèlement sexuel" mâtiné de sexisme de manière quotidienne. Je mets bien des guillemets à harcèlement sexuel, parce que le harcèlement en question est tellement quotidien, habituel, répétitif, quasiment naturel qu'à un moment donné, on y prête même plus attention. Pourtant, pas un jour ne passe sans qu'une allusion soit faite. Ya qu'à voir la journée type d'Almira:

7h: je me lève. Je petit déjeune, je me lave, je me maquille, je m'habille. 
Comme je suis du genre un peu coquette, en général dans la garde robe, je penche un peu vers la robe, justement. Souvent, elles sont plutôt courtes. Parfois elles sont décolletées. Et pour rajouter une dose de coquetterie, je mets des petites chaussures à talon. Attention: notons bien que j'ai parlé de coquetterie, et pas de vulgarité: la petite robe en coton rétro est tout de même assez loin de la guêpière en cuir agrémentée de résilles. Et attention bis: en faisant le choix de m'habiller de manière féminine, la personne que je cherche à séduire en priorité, c'est moi. Je trouve les robettes jolies, légères, estivales, gaies. Et pour être moi même jolie, estivale, légère et gaie, je me met du rose sur les joues et du brillant sur les lèvres. Mes réflexions stylistiques du matin ne vont guère plus loin.

8h45 (oui, je suis très longue à me préparer): je vais au travail.
Sur le chemin, je croise un camion poubelle. Le chauffeur klaxonne à mon passage. Evidemment je me retourne: peut être que j'ai fait tomber un truc. Non non, rien. Le chauffeur me fait un grand sourire, me fait coucou, puis lève le pouce et fait un gros clin d'oeil en signe d'approbation. Flatteur? Absolument pas. Et ça ne l'a jamais été. Au mieux ça met mal à l'aise. Au pire ça énerve. Oh évidemment, c'est pas grand chose. Sauf que comment savoir ce qu'à eu le chauffeur dans la tête quand il m'a vu passer? Comment interpréter ses petits signes pas très fins? Et surtout, qu'est ce qui lui permet de juger mon apparence physique de bon matin, de me noter et de me donner son approbation? Pour la première fois de la journée, j'ai l'impression d'être une vache qu'on note pendant les concours du salon de l'agriculture.

11h00 au travail: Un client me dit que je suis bien jolie. Il essaie d'attraper ma main. Il me dit qu'il m'épouserai bien. Il a l'âge d'être mon grand père. 
Faire un compliment à quelqu'un, ça part d'un bon sentiment. Faire un compliment à quelqu'un  qu'on ne connait pas, c'est entrer dans un certain cercle d'intimité. Personnellement, il ne m'est jamais arrivé de faire un compliment à quelqu'un que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Ok, il m'est déjà arrivé de dire par exemple à la vendeuse de séphora pendant qu'elle me renseigne que vraiment son rouge à lèvre claque sa race ou à la boulangère que sa broche en forme de chaton est croquignolette. Mais je n'ai jamais fait de compliment sur la personne (seulement sur des objets, des accessoires). Il ne me viendrait pas à l'idée de dire au plombier venu réparer ma machine à laver que décidément, il a un sourire qui décoiffe. Parce que c'est déplacé, et réservé aux intimes et aux proches. Et quand en plus le compliment est suivi d'une demande en mariage, je pense droit de cuissage, nuit de noces, et "putain grognasse, elle arrive ma bière?". Quand elle vient d'on monsieur qui n'a même plus de dent, c'est bizarre, gênant, et ça met très mal à l'aise. 

12h30 pause déjeuner: Je prends un sandwich saucisson-mayonnaise-mozzarella (je suis au régime) au café avec ma copine Pimprenelle. Mon voisin, que je ne connais absolument pas se retourne sur notre table pour la septième fois consécutive. Pimprenelle, qui n'a pas sa langue dans sa poche lui lance: "ya un souci monsieur?" (Pimprenelle a vu que le voisin de table s'était aussi retourné sur tout ce qui avait une paire de seins et qui passait à portée de son champs de vision). Le voisin lui répond "non non, aucun". Il continuera à se retourner toutes les 8 secondes jusqu'à ce qu'on parte. Peut être Pimprenelle et moi même sommes un peu parano. Peut être avons nous effectivement un souci. Peut être ai-je un gros pâté de mayonnaise sur le front. Peut être que le voisin a quelque chose à nous demander, mais que l'attitude un peu revêche de Pimprenelle l'a refroidi. Naïvement je dis à Pimprenelle qu'il faudrait lui laisser le bénéfice du doute. Pimprenelle me répond que ça fait une semaine qu'il se comporte comme ça, et qu'elle n'a pas loupé le regard insistant que ce vieux cochon a posé sur mes fesses quand je me suis levée. 

14h00 de retour au travail. Je dois ranger des trucs un peu lourds avec un collègue réputé pour son élégance et sa finesse envers la gent féminine. Je suis ravie. Son haleine sent le vin. Il me dit, à peine arrivé "et que j'entende pas de plainte de gonzesse, hein!". Ce monsieur n'a pas du bien voir: j'ai moi aussi des bras, des épaules et dans ces bras et ces épaules, des muscles. Juste avant de me vomir sa réflexion dégueulasse au visage, il a grommelé "putain, ils m'on foutu une greluche, on est pas sortis de l'auberge". A un moment donné, sa main frôle ma fesse. 

16h00 j'ai rangé tous les trucs lourds. N'en déplaise à mon collègue, à aucun moment je me suis mise à pleurer comme une fiotte parce que je m'étais pété un ongle. Pourtant, je pense que je me suis fait mal aux cervicales. J'ai rien dit, par fierté. Je refuse catégoriquement de montrer à se genre d'absolu crétin que je peux avoir des faiblesses. Quitte à me faire mal. Je veux qu'il comprenne que les "gonzesses" ça n'existe que dans ses fantasmes. Qu'une nenette peut, en plus de se servir de sa tête, se servir de ses muscles. Oui monsieur. On sait faire les deux. Et probablement mieux que toi, gros bourrin, parce que pour compenser une force physique un peu moindre, on se sert de notre matière grise. 

18h00 pour rentrer, je prends le bus. Il est bondé. Les gens sont tous collés les uns aux autres. Du coup je sens du contact sur tout mon corps, mais ça ne m'inquiète pas plus que ça. En face de moi, deux jeunes filles sont assises. Elles me regardent avec insistance. Au bout d'un moment, l'une d'elle me fait signe d'approcher. Intriguée, je m'execute. A l'oreille, elle me demande si l'homme derrière moi m'accompagne. Je lui dit que non. Elle me répond, le regard grave, que dans ce cas je devrais peut être m'assoir à côté d'elles. Je lui demande pourquoi. Gênée, elle me répond que depuis trois arrêts l'homme se frotte contre moi de manière extrêmement suspecte. Tout d'un coup, j'ai envie de vomir. Je regarde l'homme, il me fait un grand sourire, qui respire la perversion. Je pourrais gueuler, le frapper, aller prévenir le chauffeur. Mais comme j'ai honte, je dis rien, je me contente de changer de place. Pourtant je suis mortifiée. Avec le recul, je me demande de quoi je devrais avoir honte. Sauf que je sais que si je me retrouve confrontée à la situation, c'est de nouveau la honte qui l'emportera. 

18h30 je sors du bus. J'ai rendez vous avec des amis pour allez boire un verre. Sur le chemin, je croise l'inévitable bande de weshwesh. Evidement ils m'interpellent. Evidemment, ils me disent que je suis vraiment trop charmante. Evidement je ne répond pas. Evidement, ils me disent que je suis une salope. Classique.

18h45 je suis la première. Les autres seront là dans cinq minutes. Je commande un verre pour patienter, seule à ma table. Ca ne loupe pas. En quatorze secondes, un type parfaitement inconnu s'assoit à ma table, et me dit: "une si jolie fille toute seule? c'est pas possible. Je vais vous tenir compagnie. Je m'appelle Jean Roger, et vous?". Je le regarde. Je répond pas. Il me dit "ben alors, on a perdu sa langue? c'est dommage, parce qu'une langue, ça sert vachement pourtant". J'ai envie de lui balancer mon verre de bière à la gueule. De lui dire que c'est pas parce que je suis seule à ma table que j'ai pour autant envie de me servir de ma langue avec des parfaits inconnus. Que son comportement est simplement inadmissible de connerie et de manque de respect. Une fille seule à sa table dans un bar n'est pas nécessairement une pute à l'affut. Et même si j'avais été une pute, j'aurais malgré tout été un être humain digne d'être traité avec un minimum de savoir vivre. Or s'assoir à la table de quelqu'un sans y avoir été invité est un signe flagrant d'absence de savoir vivre.

22h30 je rentre chez moi, toute seule. Sur le chemin, des jeunes types bourrés. Ils m'abordent. Ils veulent m'offrir un verre. Je décline poliment. Ils insistent. Je re décline. Ils continuent d'insister. Comme ils sont saouls, je commence à flipper un peu. Ils me suivent depuis quelques minutes. Ils gueulent comme des putois qu'ils n'ont pas de mauvaises intentions, qu'ils veulent juste m'offrir un verre parce que je suis vachement jolie. Ils ne me lâcheront que quand ils auront croisé une autre jeune fille non moustachue marchant en sens inverse.

23h00 je me couche. Malgré tout, je suis ravie d'avoir passé ma journée dans la peau d'un membre du sexe faible. 

Ok, je le concède, cette journée type est un peu chargée. Mais tout ce qui s'y trouve s'est déjà produit. Parfois à plusieurs reprises. Et je pense que c'est malheureusement la journée type de beaucoup d'entre nous. Et malheureusement, ces journées types occultent des faits ponctuels et autrement plus graves. Par exemple, je n'ai pas parlé d'un de mes ex employeurs qui m'envoyait une dizaine de SMS par jour, pour me dire à quel point il me trouvait jolie, à quel point il m'aimait, et à quel point il voulait qu'on devienne plus proches, physiquement parlant. 

Quoi qu'il en soit, j'adore être une fille. Même si une (je l'espère) petite partie de la gent masculine nous considère comme autant de bobonnes sur lesquelles ils ont tout pouvoir (ou tout simplement comme des traînées, allons y franchement), demain, quand le réveil sonnera, je m'habillerai encore de manière féminine. Je me maquillerai et je me coifferai. Et j'adorerai ça. 


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