jeudi 11 novembre 2010

une affaire de famille



La famille, c'est un pilier. Un roc sur lequel on peut s'appuyer. Sauf que comme dirait l'autre, on choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille, on choisit pas non plus les trottoirs de Manille, de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher.

Faut faire avec. Et dimanche dernier, je me suis dit que quand même, l'héritage est parfois lourd à porter.

La choucroute party d'anniversaire, c'est une institution chez les Gulsh. Et ce dimanche, il s'est avéré que ma cousine Josette fêtait ses 25 automnes. Et moi jamais je résiste à l'appel du gueuleton. J'arrive même à faire taire la petite voix en moi qui me dit que si j'arrivais à trouver une excuse pour rester pépère à la maison à regarder Walker Texas Ranger, ce serait pas plus mal. Mais l'appel du chou est trop fort, rien à faire. Dimanche midi, chéri et moi, on est allés chez les Gulsh s'en mettre plein la panse.

Je plante le décor:

Papy Gulsh. instit à la retraite. Old school. Placide. Il ne lui manque que la pipe. Le papy rêvé, si tu occultes le fait que dans son bureau, le calendrier de routier trône à une bonne place, et qu'il est le détenteur du secret de l'humour Gulsh.

Mamie Gulsh. Elle n'a travaillé que 15 jours dans sa vie. Elle en est très très fière. Elle ne perd pas une occasion de te rappeler qu'elle ne touche que 30 euros de retraite par an, et qu'elle n'en fait pas une maladie non plus, et que tout ce pataquès autour de la réforme des retraites, c'est du branlage de mouches. Mamie Gulsh est très belle pour son âge, et à 85 ans, elle a encore ses dents d'origine. En même temps, quand tu passe l'intégralité de ta vie à aller chez le coiffeur et à t'acheter des crèmes clarins avant d'aller à l'aquagym, t'as moins de mérite. De corps aussi, mamie Gulsh est bien conservée. Toute personne arrivant à l'improviste chez elle avant midi peut en attester, du plombier, en passant par le facteur. Personne n'a été épargné. Pas même chéri. D'autant plus qu'elle n'a aucune notion du respect des distances interpersonnelles. Elle ne peut pas te parler sans te tripoter et te souffler dans le nez. Et elle fait pipi la porte ouverte. Et last but not least, Mamie Gulsh a des opinions politiques très tranchées: elle est pour le rétablissement de la peine mort. Les jeunes au chômage sont rien que des branleurs, du travail tout le monde le sait, il y en a à la pelle et la crise, c'est la faute des étrangers surtout s'ils sont pas blancs. Je suis sûre que le premier de ses petits enfants qui lui ramène une moitié non aryenne, elle lui coupe la langue (à la moitié) (j'ai voulu essayer une fois pour rigoler, mais je suis pas sure qu'elle rigole, elle). En période électorale, j'adore discuter avec ma mamie, ça vole haut.

Tonton et Tatie Gulsh habitent chez papy et mamie Gulsh. Il faut dire que la résidence Gulsh est immense, et qu'il y a largement de quoi faire. Tonton est peaceful. Jamais il se coiffe. T'as toujours l'impression qu'il est en pyg', voire qu'il sort du lit, la gueule encore toute enfarinée. Il est fan de l'OM. Sur le pare brise arrière de la clio, ya un gros autocollant. Tellement gros qu'un jour il a proposé de me ramener chez moi mais que j'ai préféré rentrer en stop. C'est lui qui fournit les calendriers cochons. Mais vu sa bédéthèque, je lui pardonne. Quant à Tatie Gulsh, elle fait des gâteaux que t'en mangerait sur la tête d'un pouilleux. Mais elle crie tout le temps. Même quand elle te demande de lui faire passer le pain, t'as l'impression d'être un enfant de quatre ans qui vient de casser un vase Ming.

Les cousins et les cousins des cousins Gulsh. Ils sont comme les doigts de la main. Ils sortent en boite tous les week-ends ensemble. Qu'ils aient entre 16 et 25 ans ne les dérangent pas trop. Après j'ai peut être des principes éculés, mais être obligée d'aller au bar toutes les cinq minutes pour allez chercher les boissons vu que je suis quasiment la seule légalement autorisée à le faire je trouve ça relou. Ça ne me laisserai plus du tout le loisir de faire ma démo de pole dance contemporaine sur un remix techno (et je dis bien techno) de Shakira. Ils sont tous fan de l'OM eux aussi. Et ils ont aussi des voitures. Je ne peux pas compter sur mes cousins non plus pour le co-voiturage. Sauf le petit dernier. Il a seize ans, et outre le fait qu'il est le sosie capillaire de Bieber (pour sa défense, il avait la coupe avant qu'on entende baby baby ooowooo), il parodie des clips de Acqua avec ses copines de classe en piochant dans les placards de Mamie Gulsh pour les perruques et en piquant les slims roses de sa soeur, ce petit a de l'avenir. Et sauf la cousine des cousins. On a deux jours d'écart, mais elle s'est déjà reproduite. Et le contact facebook que tu n'oses pas supprimer mais qui pourtant inonde ton mur de photos de sa progéniture ponctuées par des statuts tels que "Ton fils va te tenir la main pendant un petit moment, mais retenir ton cœur pour la vie. C'est la journée des garçons. Si tu as un fils qui rend ta vie plus belle rien qu'en étant auprès de lui, copie et colle ce message sur ton mur en écrivant son prénom: Gwendolain" (nb. à la vue de ce genre de statut, je commence à partager l'avis de ma mamie sur la peine de mort... enfin... presque)

Ma soeur. Hum. Ma soeur, sa voiture, son sac guess, son iphone. Tout est dit. Ah non, je n'ai mentionné ni sa french en gel ni ses mèches. Autant pour moi. 

Papa et maman Gulsh. Papa pète à table et rit comme un bossu. Maman lui file un coup de coude. Papa raconte une blague de cul à la fois homophobe antisémite et vraiment sale à chéri (qui part vomir). Maman lui file un coup de coude. Papa me plante ses doigts dans les cotes. Je hurle en le traitant de taré. Maman lui file un coup de coude. Papa prend le seul  exemplaire de la quatrième génération Gulsh et va le quiller dans un arbre (true story). Maman a envie de lui donner un coup de pelle, je le vois bien. Papa retourne à table, il est puni. Il fait des boulettes avec sa mie de pain et les lance sur papy Gulsh. Maman est au bord de la dépression. Du coup maman me dit que quand même j'aurais pu m'habiller autrement, qu'on dirait que je me suis enroulée dans l'ancien papier peint des wc de ses parents (de l'autre côté donc). Elle n'a pas tout à fait tort mais quand même. 

Et moi, Almira. La fille qui s'habille avec ce que Mamie Gulsh portait pour son voyage de noces et qui sait qui est Gilles Deleuze (de nom, ouais je sais qui c'est alors pouet pouet) . 

Voilà, le tableau est brossé. Passons au menu.

Apéro: Curly aux mites. Mamy Gulsh a en horreur les dates de péremption. Et elle ne jette rien. Dans le garage, il y a environ 150 kilos de savon de Marseille rance, datant de la seconde guerre mondiale. Et dans l'autre garage, une vielle opel sans moteur. On sait jamais ça peut servir. Et les curly aux mites, c'est plein de protéines. Puis arrosé de litres de vin de noix maison, ça passe de suite mieux.

Entrée: Foie gras. Maison steuplé. Et yen a des kilos. Et comme on m'a refusé le tupperware pour en ramener chez moi, j'en ai tartiné un bloc entier dans une baguette de pain, et j'ai mangé ça comme un militant CGT mange son sandwich au pâté entre deux slogans. En plus le muscat, ça aide a tout bien faire descendre

Plat: Choucroute. Pour 38. On est 15. Faut pas gaspiller, raboule ta gamelle. Grâce aux choucroutes party, je sais que mon estomac peut aller jusqu'à doubler voire tripler sa capacité d'absorption. Ce qui ne veut pas dire qu'il digère bien pour autant. Les trois jours qui suivent la choucroute party, je rêverai d'être célibataire à nouveau. Ceci dit, pour oublier, ya du blanc. Et pas qu'un peu. 

Trou normand: on va voir les croquignolous bébés lapinous. J'en choisis un. Je l'appelle Kim Jong Il. C'est le mien, il est trop meugnon. Mamie Gulsh accepte de me le donner, vu que c'est celui qu'elle a prévu de me cuisiner pour mon anniversaire. Même si je veux, je pourrais l'écorcher moi même. Ok, on laisse tomber les lapins on va voir les poules. Ok, le coq vient de chier sur mes bottes, on va retourner manger du fromage.

Fromage: du camenbert, du saint nectaire, du roquefort, du brie de meaux, de l'emmental, de la tomme de savoie, du crottin de chavignol, du beaufort, de la mimolette, du saint félicien, et j'en passe et des meilleurs. Et surtout du pif. En cubi.

Dessert: un gâteau de Tatie Gulsh. Donc un bon. C'est le cousin qui débouche le champagne. Il est saoul, il vise mal, il tire dans la tête de mon père, qui ronflait comme un bienheureux. Tonton se gausse. Du coup Tatie crie. Elle est saoule elle aussi, donc elle glisse. Le gâteau tombe. On s'en fout, les poils de chien ça renforce le système immunitaire: la preuve depuis tout à l'heure le petit dernier n'arrête pas de foutre sa tote dans la gueule de Médor pour ensuite la remettre dans sa bouche et il a l'air tout à fait en forme. Pour détendre l'atmosphère, je sors une blague de mon cru. Elle est sale, antisémite, homophobe et très cochonne. Chéri me fait signe qu'il a de nouveau envie de vomir. Ah ouais, il la connaît la blague, c'est celle que mon père lui a raconté tout à l'heure. Face à ce léger relâchement dans l'ambiance, Mamie Gulsh veut nous montrer sa gaine. Ça tombe bien, elle l'a sur elle justement et elle est en robe. Ma soeur montre a chéri sa nouvelle application Iphone: maintenant, elle sait à quelle date précisément ses racines commencent à être visibles, et elle cale ses rendez-vous chez le coiffeur en fonction. Tonton allume la télé, ya du foot sur canal. Comme je suis assise devant, il ne me reste plus qu'à m'asseoir dans le panier du chien. Ça me déprime alors je prend la dernière bouteille de champagne avec moi. Pendant ce temps là, ma cousine explique à ma maman ou trouver de la beuh de bonne qualité à Marseille. Les cousins quant à eux sont allés vérifier la qualité de la beuh en question chez les lapins. Papy Gulsh pendant se temps essaie de faire faire une dictée à chéri, qui ne sait plus combien il faut de l à inflation. 

Et pour terminer le café. Il faut bien ça pour réveiller la famille Gulsh qui cuve son raisin fermenté à même la nappe en papier. 

Et après y'en a qui s'étonnent... 

La bonne nouvelle, c'est que dans à peu près un mois et demi, c'est noël. Et que chez les Gulsh, on va jusqu'à manger les 13 desserts. 
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9 commentaires:

  1. Ta soeur est blogueuse mode ? Elle veut le devenir ? Je peux la mettre dans mon blogroll ?

    La mienne porte des escarpins à bouts pointus. Laids mais italiens. Je crois que je ne lui aurais aussi consacré que deux lignes. Ce qui est moche ...

    J'ai aimé :)

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  2. j'aimerai que ma soeur ait un blog mode... mais elle se contente de poster ses look sur son facebook... It's a shame. Par contre moi autant je me lance, dès que le look deschiens revient à la mode.

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  3. Diantre (classe non comme début), je ne sais que penser...

    En fait si, je sais : j'habite à 10 000 bornes de mes parents et mon frère est à 15 000 : le bonheur que c'est de se voir tous les deux ans !

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  4. Oh mais moi j'adore ! Je peux venir à la prochaine choucroute party de ta famille ?? Dis oui !

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  5. @huluberlu t'as tout compris toi...
    @electroménagère tu risquerais de regretter tes paroles...

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  6. Chez les Gulsh, y zont prévu les bougies Fébrèze ?

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  7. Merci pour cet article très plaisant,je le twitt de suite pour le partager avec mes amies

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  8. Je comprends mieux pourquoi tu tiens aussi bien l'alcool ^^
    Et Chéri, les repas de famille, il les vit bien ?

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  9. En te lisant, je me rappelle pourquoi je rêve de vivre très loin de ma famille... Et pourquoi j'ai supprimé mon compte fb perso sans aucun regret.

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