jeudi 17 mars 2011

La rupture

L'amour est une chose foutrement compliquée. Et ce dès le début.

(commencer ses posts par un lieu commun genre la guerre c'est mal, mettre ses bottes sans chaussettes ça pue, la physique quantique c'est compliqué, c'est quand même la meilleure méthode du monde pour appâter le lecteur qui d'un coup d'un seul se sent compris, ciblé, séduit... j'aurais dû bosser dans la com moi...ah, on me dit que c'est ce que j'essaie de faire, au temps pour moi)

Nous disions donc que l'amour est une chose diablement compliquée. 
Il faut déjà le trouver. Le fourbe a tendance à se cacher dans les recoins les plus tordus de l'existence. C'est pour ça qu'on passe notre temps à jouer à un jeu ridicule entre le cache-cache, le colin-maillard et la parade nuptiale du pigeon commun.

Ensuite, il faut qu'il soit réciproque, sinon, tu risques la prison pour viol, harcèlement moral, harcèlement physique, séquestration, tout ça tout ça. Et pour rendre l'amour réciproque, il faut user de toute une panoplie de stratagèmes qui ont pour seule ligne directrice l'idée selon laquelle tout ce qui peut s'assimiler à de la sincérité ou du naturel est à ensevelir sous des tonnes d'artifices. Sans compter les stratégies dont doivent certainement s'inspirer les plus grands des diplomates et des pubards pour cacher à l'autre ses vices les plus retors et lui vendre un produit frelaté comme si c'était l'affaire du siècle.

Puis, il faut l'entretenir. Ou se laisser persuader qu'il est entretenu. Et au choix, soit ça coûte une fortune en dessous en dentelle, en weekends impromptus, en mets fins, en bijoux, fleurs et autres petites attentions, soit ça coûte une fortune en vin qui fait mal au crâne mais qui fait oublier, ou en antidépresseurs qui font croire que c'est la fête du slip dans ta tête et dans ton couple.

Et puis surtout, des fois, l'amour ça se termine. Et alors là... on entre dans la phase la plus perverse et fourbe de la relation amoureuse: la rupture.

ce qu'il y a de bien avec ce canapé, c'est qu'il est prédécoupé


Evidement, quand on est quelqu'un de normalement constitué, quand on s'engage innocemment et à corps perdu dans la folle et merveilleuse aventure de l'amour, à aucun moment on envisage l'idée de la rupture. Sauf que bon, ben soyons lucides, c'est tout de même comme ça que se terminent la plupart des relations amoureuses. Et qu'on a l'air toujours bien con quand on se retrouve le nez dans le caca de la rupture (vu qu'on n s'y attendait mais alors pas du tout).

Il y a deux cas dans la rupture:

Cas numéro 1- Le cas le plus confortable : celui ou tu te fais lourder.

Un beau matin, aussi beau que tout les autres depuis que tu t'éveilles en compagnie de l'être aimé et d'une magnifique gueule de bois (hier t'as dû te pinter la gueule au vin de pays d'Ardèche pour oublier que cette enflure a encore une fois laissé l'abattant des toilettes relevé. ça à marché, tu sens ton cerveau prêt à imploser, mais en même temps, tu sens que t'es trop in love), tu trouveras sur le miroir de la salle de bains un post it:

JE TE QUITTE - JE SUIS PARTI AVEC LE PLOMBIER 

ou

JE TE QUITTE - J'EN PEUX VRAIMENT PLUS DE VOIR TA GUEULE D'EMPAFÉ
(soit je te quitte, soit c'est le meutre. Me demande pas pourquoi, c'est juste ta tête qui me revient pas)

 Et alors là, tu tombes des nues. Vraiment, tu t'y attendais pas. Certes, cela fait plusieurs mois que ta moitié et toi avez dépassé le stade de la simple discussion au profit de concertos d'aboiements plein de fiel. Effectivement, tu as noté que votre dernier rapport sexuel (plus que désastreux au demeurant, on aurait dit un accouplement de concombres de mer) date d'approximativement quatre mois. Evidement, tu as noté que pour une fourchette mal rangée dans le lave vaisselle vous pouviez en arriver à vous jeter l'intégralité du service en porcelaine à la gueule. Mais de là à envisager une rupture? Oh la la, vraiment là, je ne m'y attendais pas du tout!
Une fois l'effet de surprise dépassé, la position du largué est tout de même relativement confortable. Il n'a pas choisi la situation dans laquelle il est, même si, ne le nions pas, il a envisagé plus d'une fois de passer les parties intimes de sa moitié au presse purée. Le largué jouit donc de l'immense privilège de pouvoir balancer toute la faute sur l'autre, cette vielle raclure, qui m'a laissé tomber comme une vielle merde, après tout ce qu'on a pu vivre ensemble, tout de même, rayer de sa vie comme ça ces trois semaines de pur bonheur réciproque... Le largué peut se permettre de ne pas se remettre en question. Et surtout, le largué peut jouer au jeu du "viens par là que je te culpabilise" de tout son saoul, à coup de crises de larmes et de chantage affectif. Et en général le largué est assez créatif et peut faire preuve de vraiment beaucoup d'imagination pour faire croire à celui qui largue qu'il n'est qu'une vielle verrue plantaire purulente. Alors que le largué sait très bien que celui qui a largué a juste eu des cojones plus imposantes à un moment donné. 

Cas numéro 2 - Le cas de l'immonde ordure: celui ou tu largues

Un beau matin, encore un de plus ou tu ne peux plus dormir de ton côté parce que ta moitié a décidé que le côté gauche serait son côté, tu vois encore la tête de merlan frit de l'autre, un filet de bave pas tout à fait séché au coin de la lèvre. Et là, tu te dis que merde à la fin, la coupe est pleine et archi pleine (et bien sûr, tu as un peu en tête le plombier et son joli sourire). Et c'est là que tu décides de mettre les points sur les t et les barres aux i, de manière mature, claire et efficace. Tu cherches la méthode qui fera le moins souffrir l'autre, la méthode la plus honnête. Au final, il n'y en a pas trente six. Alors tu laisses un post it sur le miroir de la salle de bains. Et tu ne réalises que trop tard, une fois que tu as du affronter ta première crise de larme et ta première salve de reproches comme quoi tu n'es qu'une infâme tarentule venimeuse dépourvue du moindre sentiment humain, que tu as peut être manqué de tact. Alors tu cherches à rattraper ton coup histoire de pas trop passer pour le méchant de l'histoire, et le largué prend en général ça pour un acte de repentance, et il se met alors à se rouler à tes pieds avec un air de bébé cocker qui vient de comprendre que faire pipi sur le canapé c'est mal. Aux yeux de celui qui largue, le largué devient rapidement une flaque dépourvue de la moindre dignité. D'autant que ce pitoyable numéro d'acteur te conforte dans l'idée que la décision de la rupture est la meilleure possible. Et voilà comment celui qui largue va de nouveau passer pour un monstre intransigeant digne d'un dictateur au moyen orient...

Un joli cercle vicieux quoi.

Auquel il faut ajouter la primordiale question du déménagement. Parce que oui, tant que tu es aveuglé par les petits coeurs, tu trouve que vivre avec ta moitié est la meilleure idée que tu n'aie jamais eue. Qu'importe s'il mangerait du boudin à tous les repas alors que tu déteste ça. Qu'importe si la seule chaîne de télé qu'il regarde c'est l'équipe TV. Qu'importe s'il a rogné dans ton placard à chaussures pour ranger ses affaires de boxe. Qu'importe s'il souffle comme un boeuf quand tu décides de mettre un peu de musique. Qu'importe s'il fait la gueule quant tes amis viennent manger des chips. Qu'importe s'il te fait des remarques sur ta manière très artistique de ranger tes vêtements et autres produits de beauté. Au moment ou l'amour innonde ta vie, tu pousses même le vice à acheter une machine à pain A DEUX. De sorte qu'une fois la relation consommée, qu'il faut prendre ses clics et ses clacs, on assiste à un joyeux bordel, impliquant de scier en deux parts égales chacun des achats faits en commun. C'est super d'enfin pouvoir se retrouver avec une moitié de cuiseur vapeur et un demi aspirateur à miettes! 

Quand je dis que l'amour est une chose foutrement compliquée, mais que les choses vraiment marrantes commencent quand il se termine.  


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8 commentaires:

  1. le cas numéro 2 me parle beaucoup quand même... Mais moi j'avais pas d'achats en commun... c'est plus simple!

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  2. Tu m'as fait mourir de rire ! ... Mais c'est trop ça :)

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  3. ça sent le vécu.. et c'est exactement ça, malheureusement ! (mais j'ai gardé les meubles, "ok, tu peux partir mais n'emmène pas la télé quand même, quelle horreur !")

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  4. Moi, on m'a plaqué avant que j'emménage! Pratique!

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  5. Très bon article, comme toujours.

    ça y est je me suis lancée, c'est clair que ça défoule d'écrire. (cf. e-mail Gmail)

    Diplodoc chômeuse.

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  6. Du coup, tu as également rompu avec ton blog? :....(

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  7. Bravo ! Comme d'hab' super drôle... mais un peu long (si je peux me permettre).

    Récapitulons...
    J'ai retenu :
    - "tu risques la prison pour viol..."
    - "ça coûte une fortune en vin"
    - Acheter un canapé pré-découpé (2 ou 4 places !)
    - Continuer à manger des chips
    - Faire gaffe au lave-vaisselle (et au plombier)
    - (je te cite :) "le largué jouit"
    - et "la fête du slip dans ta tête et dans ton couple"

    Une vraie leçon de vie !

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