jeudi 4 août 2011

Almira the barbarian

A un moment donné, il faut se rendre à l’évidence. Faire face à la réalité. C’est la crise. L’économie est en berne. La société broie du noir. Les comptes en banque voient rouge. Et moi, il me faut un boulot. De toute urgence
Ce n’est pas du tout le bon moment pour moi de me poser des questions à base de ce que je pourrais bien faire pour gagner ma croûte. Il faut aller à l’essentiel, miser sur l’efficacité. C’est pour ça que je sais désormais ce quel métier je dois faire: réalisateur de film d’action d’époque (bien plus facile à caser sur un CV que réalisateur de film porno).

C’est tout à fait dans mes cordes et je sais exactement comment procéder. 

ETAPE 1: Le scénario
Facile. Il suffit de trouver une légende populaire basée sur des tonnes de testostérone qui n’a soit jamais été adaptée au cinéma, soit il y a plus de 20 ans. On peut piocher dans les comics, dans la mythologie, ou dans la littérature d’aventure. Il est important de garder la trame d’origine, que les spectateurs s’y retrouvent. Coller une histoire de traders démoniaques à Tarzan par exemple serait un échec cuisant. Il s’agit de personnages que tout le monde connaît. Les sortir de leur contexte, ce serait non seulement très déstabilisant pour le public, et puis en plus, ce serait s’infliger du travail inutile. Un con a déjà pris la peine de nous écrire une histoire, contentons nous de l’adapter:  
  • En y ajoutant du cul. Plein. Et des seins aussi. Et même un peu d’amour. Pour attirer les filles.
  • En y ajoutant de la violence. Et des explosions. Et des bagarres. Pour attirer les garçons. Si on veut être un peu subversif, on peut même insérer des scènes de violences impliquant du cul. 
Pas la peine de trop se prendre la tête. Le scénario, c’est juste un moyen d’emballer proprement les scènes de cul et les scènes de violence. Par contre, il n’est pas inutile de simplifier le mythe au maximum, histoire qu’on comprenne bien ou sont les gentils, ou sont les méchants, et que les gentils ont bien raison de se battre avec les méchants. On est pas là pour se prendre la tête non plus…

ETAPE 2: Le financement
Vu la qualité et l’efficacité de mon scénario, je vois pas du tout comment cette étape pourrait poser la moindre difficulté. Autant la sauter tout de suite.

ETAPE 3: Le casting.
On parle de cul et de violence. Il faut donc faire un casting en conséquence. Restons cohérents.

Le héros: Il faut qu’il soit beau, qu’il ait un regard de braise, et beaucoup plus de muscles que la moyenne des humains. S’il pouvait avoir une voix un peu grave et le teint mat des hommes de terrain, ce serait pas mal. Le sourire ultrabright a son importance. On parle de héros. On parle donc de gentil. Et qui dit gentil, dit sourire. Inutile de recruter au cours Florent. C’est pas d’un acteur dont on a besoin, c’est d’un tas d’hormones qui fait baver d’envie filles et garçons (mais pas nécessairement pour les mêmes raisons). Le héros n’aura qu’une dizaine de phrases, de préférence sentencieuses, à balancer durant tout le film. 

L’héroïne: Elle est pas belle, elle est bonne. Si elle a déjà fait du porno ou des trucs approchant, c’est pas grave. Au contraire, ça attire le chaland. Faut qu’elle ait des jolis cheveux, la peau douce, et une énorme paire de sein. Là ou ça se complique, c’est qu’il faut qu’elle ait l’air triste. Et oui, n’oublions pas qu’elle est dans la merde, au point d’avoir besoin d’un héros pour la sauver. Elle peut savoir se battre, mais il faut qu’elle garde un air de biche aux abois en toutes circonstances. Elle n’est là que pour rendre le beau héros encore plus héroïque. C’est une fille, son rôle n’est pas de prendre la vedette.

Le méchant: Lui par contre, il est laid. Il a des cicatrices, il bave. S’il a une voix grave et qu’il sait grogner, c’est encore mieux. Le rire démoniaque est aussi un critère à retenir. Par contre, il faut qu’il soit au moins autant musclé que le héros. Parce que comme dit l’autre, “à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire”. Il faut que les scènes de baston soient crédibles. Si malgré sa vilenie il peut garder une certaine aura sexuelle au point d’attirer l’héroïne dans son lit, c’est bien. Un peu de trahison dans un film d’action n’a jamais fait de mal à personne. Pour rajouter un potentiel cul, on peut lui donner une copine méchante. Elle par contre, elle doit être canon et avoir les yeux qui crient braguette. 

ETAPE 4: Les costumes, les décors et les accessoires
Pour les costumes c’est facile. Pour les garçons, ça va de la peau de bête à l’armure médiévalo-contemporaine. Pour la fille, pas besoin de se prendre le chou: moins elle est habillée, mieux le spectateur se porte. Pour défier la censure, on aura cependant prit soin de lui mettre de grandes extensions de cheveux pour lui cacher les seins. 
Pour les décors, il suffit de poser sa caméra dans des endroits de nature hostile: Ikéa le samedi après midi, le désert, la haute montagne. 
Quant aux accessoires, notamment les armes, il faut que ça fasse mal. Le truc indolore qui te tue d’un coup sec, on en veut pas. Nous ce qu’on veut, c’est des instruments de tortures avec des lames rouillées, pesant des ânes morts, que les personnages principaux brandiront au dessus de leurs têtes en hurlant comme des damnés. La fille, elle peut à la rigueur avoir une lime à ongles incrustée de pierreries, mais pas plus. Il faut rester crédible. 

ETAPE 5: Le tournage
Faire en sorte pendant le tournage que les acteurs couchent ensemble. Quitte à dépenser des fortunes en alcool et en poppers. 

ETAPE 6: La post production
Le montage: Attention à bien respecter cette règle d’or. Pas de plan de plus de 4 secondes. Jamais. C’est interdit.  

Les effets spéciaux: des explosions, des monstres visqueux, des volutes de magie, des montagnes qui s’écroulent, des tempêtes, des démons effrayant, des temples maudits, des patates en slow motion … Tout est prétexte à profusion d’effets spéciaux. Le réalisme, c’est un truc de blaireau. Nous ce qu’on veut, c’est du spectaculaire, du grand-guignol, de l’excès, de la débauche. Chaque plan doit envoyer du pâté. S’il faut faire sortir des flammes des tétons de l’héroïne, et bien on fera sortir des flammes de ses tétons. 

Le bruitage: faire de chaque bruit quelque chose d’ éminemment impressionnant. Même la respiration de la chèvre du héros (il faut bien qu’il mange) doit filer les chocottes. 
La musique: restons classiques. Pour le film d’action d’époque, on a rien fait de mieux que le heavy metal ou Era. 

ETAPE 7: La promotion
Le film annonce: raconter la totalité du film en montrant toutes les scènes intéressantes. Le spectateur est un idiot, il croira que tu n’oserais pas tout lui donner dans un film annonce d’une minute trente. Alors que si. Il viendra quand même voir le film, et il sera dégoûté en sortant puisque le film annonce aurait suffi, mais ce sera trop tard, il aura déjà payé sa place.

L’affiche: Faut qu’elle soit dans les tons de marron beige, avec des effets métalliques. Il faut que tous les personnages principaux soient dessus et qu’ils aient l’air grave et sexy. Et derrière, on peut rajouter des squelettes. Brrrr.

La pub: Faire en sorte que les photos de tes deux acteurs principaux en train de s’adonner à la gaudriole sortent maintenant.

RESULTAT FINAL:



Hein que je l’ai réussie ma reconversion? 
Rendez-vous sur Hellocoton !

4 commentaires:

  1. attends, faut que je le revois, j'ai loupé la chèvre ... non j'déconne ! un grand avenir tu as dans ta reconversion hihihi

    RépondreSupprimer
  2. Il reste quoi de dispo là?
    z'ont déjà tout fait même green lantern qu'on sait pas qui c'est et qu'a un nom pourri (presque autant que green hornet)

    RépondreSupprimer
  3. Ah oui, je vois pas pourquoi ça marcherait pas !!!

    T'as juste oublié que, comme ça va cartonner du tonnerre, après on pourra faire une suite, puis une autre, puis...

    RépondreSupprimer